Turquie : une nouvelle loi contre les 'fausses informations'
En Turquie, une nouvelle loi sur les médias prévoit jusqu'à trois ans de prison pour diffusion de "fausses informations". Peuvent être passibles de cette peine les journalistes mais aussi les utilisateurs des réseaux sociaux. Les éditorialistes reprochent au gouvernement de vouloir restreindre la liberté d'expression et critiquent la loi pour son timing, à l'approche des présidentielles et législatives de 2023.
La société doit se taire
Pour Sözcü, il n'y a aucune ambiguïté quant aux raisons qui ont poussé le gouvernement AKP à promulguer une telle loi en période préélectorale :
«Ce gouvernement ne tolère pas la diversité d'opinions dans le pays. Tout le monde doit se taire ; seuls les partisans de l'AKP ont le droit de s'exprimer ! Le devoir du citoyen consiste à écouter et à soutenir le gouvernement, indépendamment de la véracité de ses propos. Les citoyens ne doivent pas voir la vérité, ni l'écrire, ni l'exprimer et encore moins publier des tweets critiques ! ... Une telle chose est-elle possible dans un Etat de droit démocratique ? Evidemment que non ! Mais rappelons-le, nous nous qualifions de démocratie, mais n'en sommes pas une. Et finalement, le sens biaisé que nous avons de la démocratie nous fait reculer au lieu d'avancer.»
Un dilemne pour les géants des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux tels que Twitter ou Facebook ont d'ici avril pour mettre la loi en application, supprimer les contenus "criminels" et divulguer les données des utilisateurs responsables de ces contenus. Pour T24, les entreprises sont prises entre deux feux :
«Si elles ne se conforment pas aux directives, elles risquent - en cas de victoire de l'AKP - de se voir infliger des amendes et d'être progressivement soumises à des interdiction de publicité et à la réduction de leur bande passante. En d'autres termes, elles se retrouveront dans l'incapacité de gagner de l'argent sur le marché turc. Si elles décident au contraire de respecter les directives, elles devront alors faire face à d'autres complications. Car dans ce cas, elles risquent de créer un précédent en matière de concessions au gouvernement, mais également de perdre la confiance de leurs utilisateurs en Turquie d'abord, puis dans le reste du monde.»