Sommet de Visegrád à Košice : des désaccords sensibles
Les chefs de gouvernement tchèque, polonais, slovaque et hongrois se sont retrouvés jeudi à Košice, en Slovaquie. La rencontre était axée sur la Hongrie, dont les positions en matière de politique étrangère divergent fortement de celles de ses partenaires de longue date, notamment en ce qui concerne le soutien à l'Ukraine. Quel est le bilan de cette rencontre et le groupe de Visegrád a-t-il encore un sens dans ce contexte ?
La Hongrie ne cille pas
Selon Český rozhlas, les Premiers ministres polonais, tchèque et slovaque ne sont pas parvenus à faire entendre raison à leur homologue hongrois de Visegrád :
«Orbán, qui a démontré ces dix dernières années que les principes démocratiques et l'Etat de droit dans son pays lui importaient assez peu, ne se soucie même pas du sort de l'Ukraine. ... Budapest a décidé de bloquer les aides financières à hauteur de 18 milliards d'euros prévues par l'UE, sans lesquelles Kyiv serait amenée à capituler. ... En outre, Orbán aimerait empocher des milliards de Bruxelles, sans s'engager à revenir à l'Etat de droit. Et il attend le soutien des autres pays de Visegrád. Reste à savoir s'ils se laisseront prendre au petit jeu d'Orbán.»
Une confrontation inévitable
Eduard Heger, président du gouvernement de la République tchèque, a offert au Premier ministre hongrois une écharpe de l'équipe nationale slovaque en clin d'œil à celle représentant la Grande-Hongrie récemment arborée par Orbán et qui avait fait couler beaucoup d'encre. Sme trouve ce geste raté :
«Cette volonté de passer l'éponge, de se rabibocher, masque mal la réalité. Nous ne pouvons pas faire l'économie d'une confrontation avec Orbán ni d'une mise en veille de Visegrád. Avant la rencontre, le Premier ministre tchèque Fiala avait déjà déclaré que le sommet montrerait si la coopération entre les quatre pays avait un sens actuellement, compte tenu des positions très divergentes de la Hongrie. ... Les Premiers ministres Heger, Fiala et Morawiecki devront trouver une réponse claire à cette question, lors du sommet européen qui se tiendra dans quelques jours, et à celle de savoir si la Hongrie doit continuer à toucher des fonds de l'UE.»
Visegrád a perdu toute raison d'être
Cette coopération ne porte plus ses fruits, constate Népszava :
«Lors de cette rencontre, les Premiers ministres slovaque, tchèque et polonais n'ont même pas essayé de convaincre Viktor Orbán au sujet de la guerre. ... Leur objectif minimaliste était d'amener le Premier ministre hongrois à déclarer que le Parlement hongrois ratifierait l'adhésion à l'OTAN de la Suède et de la Finlande. Il s'y est engagé, mais en promettant une ratification pour le début 2023, alors qu'il affirme depuis des mois que ce serait chose faite en 2022. Et ce n'est jamais qu'une vague promesse. Le sommet n'a pas eu de résultat concret. C'est comme si personne ne se faisait plus d'illusions quant aux chances de survie du forum de Visegrád.»