Portugal : comment réagir face à l'essor de l'extrême droite ?
Selon les sondages, le parti d'extrême droite Chega, mené par André Ventura, gagne en popularité : jusqu'à 13 pour cent d'électeurs portugais seraient prêts à voter pour lui aujourd'hui. La presse du pays se demande si le PSD, principal parti d'opposition et de tendance libérale-conservatrice, doit se distancer clairement de l'extrême droite pour former un 'cordon sanitaire'.
Prendre ses distances
Dans Público, le politologue Pedro Norton appelle le PSD à se démarquer clairement de l'extrême droite :
«L'ambivalence aurait deux conséquences. Premièrement, cela effaroucherait et irriterait un électorat modéré, traditionnellement centriste, qui est aujourd'hui lassé par les excès de la majorité socialiste et qui, dans un contexte normal, voterait pour le PSD. Deuxièmement, cela provoquerait un virage à droite, susceptible d'attiser le vote contestataire au profit de Chega. ... On pourrait aisément éviter cette perspective : il suffirait d'expliquer clairement que le PSD ne s'associera jamais à la formation de Ventura, que voter pour ce parti revient à gaspiller sa voix et à favoriser l'ingouvernabilité du camp de droite.»
Ne pas renforcer le discours anti-système
Dans Observador, le politologue André Azevedo Alves met en garde contre l'éventualité de rejeter toute alliance avec Chega :
«Pour le PSD, il peut être tentant de céder à la pression et de se rallier au 'cordon sanitaire' anti-Chega. Mais cette option comporte au moins deux risques majeurs. Premièrement, elle légitime, valide et étaye le discours anti-système de Chega, permettant à son fondateur André Ventura de se revendiquer seul véritable opposant au 'système', en évoquant le 'cordon sanitaire' à l'appui. Deuxièmement, une analyse rigoriste de l'arithmétique électorale révèle que ce 'cordon' minimiserait les possibilités du PSD d'entrer au gouvernement et augmenterait ainsi les chances de maintien au pouvoir des socialistes (PS).»