Avions de combat pour l'Ukraine : nouveau coup d'envoi polonais ?
La Pologne a l'intention de livrer à l'Ukraine des avions de combat MiG-29 de fabrication soviétique, comme l'a promis le président Andrzej Duda à la fin de la semaine dernière. Le chef du gouvernement slovaque, Eduard Heger, a réagi en promettant la livraison d'autres jets du même type. La presse européenne se demande si cette initiative pourrait amener l'OTAN à être moins réticente à l'idée de livrer des avions de chasse.
L'Europe centrale et orientale fait un geste fort
Lidové noviny se félicite de l'initiative prise par la Pologne et la Slovaquie :
«Il s'agit d'une opération pratique pouvant être exécutée rapidement. Les pilotes ukrainiens n'ont pas à se former à une nouvelle technologie, comme c'est notamment le cas avec le F-16 américain vieillissant. ... Ces décisions ne constituent pas un tournant fondamental dans la politique occidentale. En pratique, cela signifie que l'OTAN se débarrasse d'appareils anciens mais de grande qualité, issus du Pacte de Varsovie. Et il s'agit également d'un excellent geste politique. Si la République tchèque ne peut pas participer à cet élan de solidarité, c'est uniquement parce que lors de la partition de la Tchécoslovaquie, tous les MiG-29 sont partis en Slovaquie.»
Varsovie brise encore un tabou
La Pologne continue dans sa lancée, se démarquant admirablement du reste du monde, estime Tygodnik Powszechny :
«Le pays se retrouve ainsi dans le peloton de tête de ces Etats qui, par leurs décisions - sans aucun doute avalisées par les Etats-Unis, leur principal allié - définissent le modèle à suivre en matière de livraisons de nouvelles catégories d'armes à l'Ukraine. Ainsi, ce qui était autrefois considéré (par certains) comme un tabou politico-militaire finit par devenir la norme. ... Ces derniers mois, d'autres interdits ont ainsi été levés. On a ainsi rapidement abandonné notamment cette distinction ridicule entre armes 'offensives' et 'défensives' pour qualifier les véhicules blindés ou les chars de construction occidentale.»
Ne pas perdre le budget des yeux
La Pologne envisage également une militarisation accrue, ce qui n'est pas sans risque, fait valoir Dagens Nyheter :
«La question est de savoir si la Pologne peut se permettre d'allouer des sommes astronomiques, avoisinant les 110 milliards d'euros, à sa défense d'ici 2035. Cette somme correspond à peu près aux fonds européens qui lui ont été refusés au motif que son gouvernement ne respecte pas les décisions des tribunaux indépendants. De nombreux partis sont favorables à l'augmentation des dépenses militaires. Mais cela comporte des risques politiques dans un pays où l'inflation atteint 17 pour cent. Des élections législatives auront lieu en octobre et sans les fonds européens, le gouvernement pourrait être contraint de procéder à des coupes financières drastiques.»