Que penser de la visite de Meloni en Pologne ?
La Première ministre italienne Giorgia Meloni et son homologue polonais Mateusz Morawiecki ont fait preuve d'unité lors du congrès des Conservateurs et réformistes européens (CRE) qui s'est tenu à Varsovie. Les observateurs font un rapprochement entre cette rencontre et le projet d'alliance entre le CRE et le groupe du Parti populaire européen (PPE) pour les élections au Parlement européen de 2024. Les commentateurs doutent que Meloni et Morawiecki aient beaucoup en commun.
Un projet d'alliance chimérique
Selon La Repubblica, on ne constate que très peu de points communs entre Meloni et le gouvernement polonais :
«La Première ministre envisage de sceller une alliance entre le PPE et les conservateurs de l'ECR autour d'un programme commun. Sauf que Varsovie ne l'entend pas de la même oreille. ... Mais sans les Polonais, le plan échafaudé d'une alliance avec le PPE s'écroule. Sans compter que Donald Tusk [le chef de l'opposition polonaise] évolue dans les rangs du PPE. Il est ami avec [le chef du groupe PPE] Manfred Weber, lui-même un ami de Meloni, avec laquelle il travaille sur ce projet d'alliance. ... Seul hic, Morawiecki n'est pas un afficionado du chef de groupe allemand. La Pologne a deux problèmes, a-t-il récemment déclaré : à l'est, le groupe Wagner, à l'ouest, le groupe Weber.»
Rien de bien concret dans cette rencontre
La rencontre revêt plutôt un caractère symbolique, selon Rzeczpospolita :
«Derrière les compliments mutuels, difficile de trouver des points sur lesquels les deux Premiers ministres soient réellement d'accord. ... Lors du sommet de l'UE qui s'est tenu à Bruxelles jeudi et vendredi derniers, Meloni a froissé Morawiecki et le Premier minisitre hongrois Viktor Orbán par son refus de se joindre au blocage des résultats du sommet. ... La visite de Meloni en Pologne dans la foulée du sommet vise à faire passer le goût amer laissé par cet incident.»
Se méfier de la minorité de blocage des conservateurs
Newsweek Polska voit dans la formation d'une nouvelle alliance à droite un risque réel de paralysie de l'UE :
«Si l'Espagne rejoignait l'alliance des conservateurs, ce groupe pourrait - avec le soutien tactique d'un autre pays - être en mesure de bloquer le pouvoir législatif de l'Union européenne - de l’immigration aux questions financières en passant par le climat. La minorité de blocage de l'UE est réunie en présence d'au moins quatre membres du Conseil de l'UE représentant plus de 35 pour cent des citoyens européens. L'Espagne, l'Italie et la Hongrie représentent, à elles trois, 34 pour cent de la population de l'UE, ce qui les rapproche du seuil de blocage.»