République tchèque : Babiš revend ses médias
Andrej Babiš, ancien Premier ministre et actuellement chef d'opposition tchèque, se défait de son groupe médiatique. Son groupe Agrofert revend au groupe d'investissement Kaprain, du multimillionnaire Karel Pražák, la maison d'édition Mafra, qui compte dans son portefeuille les quotidiens Mladá fronta Dnes et Lidové noviny. Babiš réagit à un durcissement de la loi sur les conflits d'intérêts des politiques. Les éditorialistes éclairent les tenants et les aboutissements de la transaction.
Babiš est lui-même devenu un média
Le portail Echo24, jadis fondé par des journalistes refusant d'avoir Babiš pour patron, fait le commentaire suivant :
«Le rachat par Babiš de l'éditeur Mafra il y a dix ans avait été la manœuvre la plus avisée pour son ascension politique. A l'époque, les grands éditeurs de tradition avaient encore de l'influence, ce sont eux qui définissaient les thèmes à l'ordre du jour, ils avaient le pouvoir de faire vaciller un gouvernement en dénonçant ses fautes. Le groupe Mafra excellait dans cet exercice. Cet achat a facilité l'accession au pouvoir de Babiš. ... Le prix de vente actuel est nettement supérieur à l'investissement initial. Andrej Babiš a gagné de l'argent et il reste en politique. Il s'est séparé de ses médias parce qu'il a constaté qu'il était lui-même devenu un média suffisamment fort, et que les médias établis étaient devenus un boulet pour lui.»
La fin d'un conflit d'intérêts
Respekt évoque les enjeu de cette vente :
«En raison d'une nouvelle loi, qui interdit de détenir des médias quand on suit une carrière politique, Andrej Babiš a notamment été contraint de se séparer de Mlada Fronta Dnes, Lidové noviny et Rádio Impuls. C'est une bonne chose, car Babiš a souvent été défendu par ses médias, même s'ils ont perdu de leur influence. ... Directement, par le biais de textes de soutien, ou indirectement, de par l'absence de journalisme d'investigation. Babiš a détruit des titres journalistiques jadis honorables, et ce au détriment de l'ensemble de la société.»