UE : accord sur les grandes lignes du pacte asile et migration
Les Etats membres de l'UE délibèrent depuis des semaines en vue d'une réforme du système d'asile, qui doit faire l'objet de durcissements. Les vingt-sept viennent à présent de trouver une réponse commune concernant les propositions de 'règlement de crise' de la Commission européenne. Le texte prévoit notamment la possibilité de retenir les migrants plus longtemps aux frontières et dans des conditions proches de la détention en cas d'afflux massif. Pour la presse européenne, les intérêtes nationaux sont au cœur de la question.
Une victoire pour Meloni
Rome a obtenu gain de cause, estime Corriere della Sera :
«L'Italie et l'Allemagne ont surmonté leurs différends, apparus lors du sommet des ministres de l'Intérieur de l'UE organisé jeudi dernier. Un accord a donc pu être trouvé. ... Après d'âpres négociations, l'Italie a réussi à faire exaucer son vœu. Les Vingt-Sept sont ainsi revenus à la version du texte de juillet, qui ne mentionne les ONG que dans le préambule et non dans le corps du règlement. L'Allemagne et l'Italie ont des avis divergents sur le rôle des ONG, que Rome considère comme un 'facteur incitatif'. En juillet, on était parvenu à un compromis fragile, cautionné par l'Italie. Pour résumer, on peut dire que l'Italie a réussi à imposer sa position, comme Rome l'a souligné avec satisfaction.»
Toujours mieux qu'aucun terrain d'entente
Pour Süddeutsche Zeitung, il s'agit d'un compromis intenable sur le plan humain mais incontournable d'un point de vue politique :
«[L]es nombreuses voix qui le critiquent ont bien sûr raison : on prévoit d'échafauder une forteresse, sorte de barricade hérissée de cruels obstacles, censée barrer le chemin aux personnes en quête de protection ou d'un avenir meilleur en Europe. S'ils sont trop nombreux, ils pourront se retrouver enfermés pendant des lustres dans des camps situés aux frontières extérieures de l'UE. On est bien loin d'une politique d'accueil humaine, et ce n'est d'ailleurs pas le but. ... Mais la situation aurait pu être pire encore si les Etats européens avaient à nouveau été incapables de s'unir ne serait-ce que sur un accord bancal en matière d'immigration.»
Un débat clé pour les élections régionales allemandes
La Repubblica analyse la portée de l'accord en Allemagne :
«Pour le chancelier Scholz et son gouvernement 'tricolore', le plus conflictuel de toute l'histoire du pays, cette réforme tant attendue pourrait constituer un écueil en plein ressac. Comme en Italie, l'immigration est le débat qui revient le plus régulièrement dans la presse, les émissions télévisées et sur les réseaux sociaux. D'autant plus que des élections cruciales auront lieu dans quelques jours dans deux Länder clés : celui de la riche et puissante Bavière et celui de la Hesse, dans lequel se situe Francfort. Deux échéances électorales qui montreront si la fulgurante ascension du parti d'extrême droite AfD dans les sondages se vérifiera dans les urnes. En Hesse comme en Bavière, ce parti xénophobe, prorusse et antieuropéen oscille entre la deuxième et la troisième place dans les derniers sondages.»