Slovaquie : Fico parvient à former une coalition
Pour la quatrième fois, Robert Fico est en passe de devenir Premier ministre slovaque. Le parti de gauche Hlas de Peter Pellegrini - lui aussi ex-Premier ministre - a décidé de s'allier à Fico et aux ultranationalistes du SNS, refusant une proposition de coalition avec les libéraux de Progresívne Slovensko, les chrétiens-démocrates de KDH et la formation prônant le libéralisme économique SAS. Une alliance que la presse ne voit pas d'un bon œil.
Forcer le dialogue
Dmitro Konichev, président de l'association Slovak-Ukrainian Business Agency, écrit dans Ukraïnska Pravda que l'Ukraine doit faire gagner à sa cause les dirigeants slovaques pro-russes nouvellement élus :
«Pouvons-nous faire de Robert Fico un ami de notre pays (comme il l'était au début de sa carrière politique, en tant que Premier ministre) ? Pour y parvenir, nous n'avons pas le choix : nous devons discuter, débattre et convaincre, et ce à tous les niveaux, du président Zelensky à l'ambassadeur ukrainien en Slovaquie. Il nous faut également organiser des visites officielles en Ukraine. Car une visite sur le terrain du théâtre des crimes de guerre russes est à même de faire changer quelqu'un d'avis, y compris les politiques pro-russes en Occident.»
Fico connaît toutes les ficelles du métier
Süddeutsche Zeitung reproche à Pellegrini son alliance avec Fico :
«Pellegrini aurait également pu former une coalition avec les libéraux, arrivé en seconde position, ainsi que deux autres partenaires. Mais les libéraux étaient trop inexpérimentés à ses yeux, et les deux autres partis trop en conflit. ... Pellegrini se dit prêt à mettre fin à la collaboration avec Fico et l'extrême droite si ceux-ci se détournent de l'UE et de l'OTAN. Mais il ne faut pas tout miser là-dessus. Car Fico sait comment sauver les apparences. Le voilà Premier ministre pour la quatrième fois. Il est parfaitement rodé à l'exercice et c'est pour cette raison qu'il représente un risque bien plus grand pour son pays qu'un nouveau départ avec des novices aux commandes.»
Une occasion manquée
Sme remet en cause la démarche de Pellegrini qui avait rompu avec Fico il y a trois ans pour fonder son propre parti, Hlas :
«Le projet Hlas n'a plus de raison d'être. Pellegrini va rejoindre Fico, malgré l'étreinte mortelle que ce retour au bercail représentera pour son parti. Pellegrini obtiendra probablement le soutien de Fico pour les élections présidentielles, ce qui lui permettra de réaliser ses ambitions personnelles. ... Pellegrini aurait eu une occasion en or de remettre les compteurs à zéro, mettre en place une politique convenable et ne pas laisser Fico voler au pays de nouvelles années. Malheureusement, il n'a pas saisi cette chance.»
Gros temps sur les relations internationales
Denník N conjecture sur le cours que prendra la politique étrangère avec cette nouvelle coalition :
«Peter Pellegrini réitère qu'il sera le garant de l'ancrage de la Slovaquie dans l'Union européenne et l'OTAN et que s'il en advient autrement, il quittera la coalition de Robert Fico avec le parti nationaliste SNS. Des propos rassurants. Mais concrètement, le scénario suivant est plus probable : Fico et d'autres enchaîneront les inepties, dans leurs discours et dans leurs actes, et un ministre des Affaires étrangères flanqué de Pellegrini devront faire les pompiers et éteindre les plus gros incendies que Fico et ses acolytes auront allumés. Nous ne serons donc plus membres de l'UE et de l'OTAN que sur le papier.»