Comment répondre aux attaques houthistes en mer Rouge ?
Sur fond de guerre à Gaza, les rebelles houthistes yéménites multiplient les attaques contre des pétroliers et des cargos qu'ils jugent liés à Israël. Plusieurs compagnies ont annoncé leur intention d'éviter cette route maritime majeure. Washington sollicite la création d'une alliance internationale pour lutter contre la milice, soutenue par l'Iran. La presse se penche sur une situation complexe.
L'équilibre mondial est en jeu
Les attaques houthistes menacent l'économie mondiale, rappelle Libération :
«[D]e nombreux armateurs envisagent désormais de contourner l'Afrique via le cap de Bonne-Espérance, sauf que ce trajet multiplie quasiment par deux la durée du transport et donc une partie des coûts afférents. Cette situation périlleuse pour l'économie mondiale milite encore plus, s'il en était besoin, pour un règlement actif du conflit israélo-palestinien une fois que les armes se seront tues. Ce ne sont plus seulement Israël et les territoires palestiniens qui sont concernés mais aussi l'équilibre du monde.»
Il aurait fallu agir bien plus tôt
La Repubblica s'irrite de ce que l'Occident n'ait pas été en mesure d'anticiper et d'empêcher cette situation :
«Dans le cas des houthis, les Etats-Unis et l'Europe se sont fourvoyés : ils ne sont parvenus ni à entraver l'essor du mouvement islamiste, ni à contenir la guerre civile qui leur a permis de prendre le contrôle d'une grande partie du Yémen. C'est comme si la géographie avait été oubliée, comme si l'on avait négligé combien il serait facile pour ces combattants pro-iraniens de menacer le détroit de Bab-el-Mandeb - et de le transformer en 'Fourches caudines' pour le commerce mondialisé.»
Forger une grande alliance
Il est temps de réagir aux attaques houthistes, fait valoir taz :
«Une situation similaire, survenue en 2016, montre quelle pourrait être cette réaction. Alors que trois navires de guerre américains avaient été la cible de tirs en mer Rouge, un destroyer de la Navy avait riposté et détruit trois systèmes radars en territoire houthiste, sur la côte yéménite. Il s'était agi de frappes ciblées sur des positions militaires, qui n'avaient pas mis en danger de civil·e·s. Il faut en outre former une alliance navale pour protéger le trafic maritime en mer Rouge. Les Européens, Allemagne y compris, doivent se demander dans quelles mesure ils peuvent accéder aux requêtes de Washington, qui sollicite un engagement. Il est important également d'obtenir la participation des Etats arabes à une alliance anti-houthiste.»
Ce ne sera pas simple
Diena entrevoit des obstacles majeurs :
«Difficile encore de dire à quoi ressemblera cette opération, et surtout, si elle peut réussir. Le premier problème, c'est que les houthistes ne sont pas simplement un groupe armé, mais des milices tribales yéménites. Les tribus, au Yémen, sont connues pour leur obstination dans la lutte, mais aussi pour le fait qu'au cours de leur longue histoire, aucune puissance n'a jamais été en mesure de soumettre leurs territoires. ... Le deuxième problème, c'est qu'en dépit de tous leurs efforts, le Bahreïn est le seul pays arabe que les Etats-Unis aient su convaincre de rejoindre la coalition, et celui-ci dispose d'une puissance militaire somme toute modeste.»
La position ambivalente de Téhéran
Dans la matinale de France Inter, le chroniqueur Pierre Haski analyse le rôle de l'Iran :
«Force est de constater que le rôle de Téhéran dans sa sphère d'influence ne faiblit pas : on parle ici d'un arc qui va du Yémen à la bande de Gaza en passant par les milices chiites irakiennes, la Syrie et bien sûr son principal point d'appui, le Hezbollah au Liban. Dans la crise en cours, l'Iran a une position ambivalente : il ne joue pas ouvertement l'escalade, mais laisse monter en puissance ses alliés, en ce moment clairement les Houthis du Yémen qui agissent en mer Rouge. Tout se passe comme si Téhéran agissait de manière à ne pas risquer une confrontation directe avec les Etats-Unis, très présents dans la zone depuis le 7 octobre, ou avec Israël.»