Le Vatican autorise la bénédiction de couples homosexuels
Le pape François a annoncé que la bénédiction de couples gays et lesbiens serait possible dans l'Eglise - sans qu'ils soient assimilés aux couples formés par un homme et une femme, et en rappelant que l'homosexualité restait un péché aux yeux de l'Eglise. Malgré des propos de François dans ce sens par le passé, le Vatican était encore catégoriquement opposé à cette bénédiction. Des médias de pays d'Europe d'obédience catholique accueillent positivement la nouvelle.
Un temps de retard sur les fidèles
Le document rend le catholicisme plus inclusif et accueillant, se félicite The Irish Times :
«Cette annonce marque une transformation notable et bienvenue - bien que tardive - vers une reconnaissance de la place des catholiques LGBTQ au sein de l'Eglise. La déclaration de lundi fait écho au sceau plus tolérant que le pape voulait apposer à son pontificat réformateur. Cette décision sera accueillie positivement par les catholiques irlandais, dans leur écrasante majorité favorables au mariage homosexuel. Ils sont nombreux à espérer qu'il ne s'agit que d'une étape transitoire vers une Eglise plus inclusive et accueillante.»
Un grand jour pour l'intégration des catholiques LGBT
Dans Público, la chroniqueuse Carmo Afonso évoque une décision révolutionnaire :
«C'est un grand pas dans une direction longtemps attendue par beaucoup de croyants. Je parle [du but ultime] de l'intégration à part entière dans l'Eglise des catholiques LGBT. ... Beaucoup de gens relativisent la portée de cette avancée, d'autres disent que le sujet ne les intéresse pas. Selon la ligne argumentative : peu m'importe qu'une institution désuète confirme mon identité ou mes choix de vie. Or le fait est que pour beaucoup de personnes LGBT, le sujet est central. Ils sont catholiques et ce processus leur ouvre la possibilité d'être pleinement admis au sein de la communauté. Comment pourrions-nous y rester indifférents ?»
Que sa volonté soit faite
Malta Today salue un jalon sur le chemin de la tolérance :
«On ne peut qu'espérer que l'Eglise maltaise mette en application ces directives et épouse l'esprit qui les anime. ... La tradition biblique dit que Dieu a créé l'homme et la femme pour qu'ils soient féconds et se multiplient, mais il a également créé tout une diversité de personnes. Seule l'arrogance patriarcale a interprété la volonté divine au cours des millénaires d'une manière qui étouffe la diversité humaine et les relations qu'elle peut engendrer. Car comment un dieu d'amour peut-il exclure deux hommes qui n'ont fait de mal à personne et dont le seul 'péché' est de s'aimer ?»
Un coup de comm' hypocrite
Dans The Guardian, Matt Cain, chroniqueur réputé sur les questions LGBT, fait part de son irritation :
«Saint-Père, votre bénédiction, vous pouvez vous la mettre où je pense. Ce n'est qu'une feuille de figue, un coup de comm', un moyen d'absoudre vos préjugés et de faire croire qu'il s'agit d'un pas vers la reconnaissance. ... La plupart des religions n'ont pas avancé au même rythme que la société sur ce point. Avec ce dernier développement, le catholicisme reste considérablement à la traîne. Aujourd'hui, il propose à contrecœur de 'bénir' les unions qu'il ne peut expressément 'cautionner'. Une hypocrisie des plus risibles. ... Bien tenté, Saint-Père. Mais pour ma part, je ne me satisferai que de l'égalité, rien de moins.»
Une ligne de crête
Que ceux qui condamnent trop hâtivement la mesure et la jugent insuffisante se ravisent, préconise Der Standard :
«Cette annonce ne doit pas être comprise en vertu d'une grille de lecture européenne, voire même occidentale. Car le catholicisme est une religion mondiale et le nombre de ses fidèles dans le 'Sud global' est en hausse, tandis qu'il enregistre un recul inexorable dans les pays du Nord. Dans les régions pauvres du monde, une ligne du Vatican plus tolérante envers les homosexuels pourra peut-être aussi entraîner des améliorations salutaires, même si elle peut paraître trop timorée sous nos latitudes. Ceci illustre une fois de plus que le pape François doit composer avec des positions très hétérogènes.»
Le signe d'une évolution prudente
Sur Tvnet, la spécialiste en communication Sandra Veinberga juge le geste positif :
«Ces déclarations du pape indiquent que le moment est venu d'acter des changements. ... On pourrait certes dire que le changement est minime, car le souverain pontife s'est borné à dire qu'il n'est pas interdit de bénir, au même titre que tous les autres croyants, des personnes vivant en couple avec une personne de même sexe. ... Peut-être le pape se base-t-il sur des situations humaines concrètes pour évoluer dans une direction résolue : améliorer l'acceptation des minorités sexuelles dans l'Eglise. ... Non pas en redéfinissant la notion de mariage, mais en faisant un pas vers une forme alternative, 'bénie', du lien qui unit les personnes homosexuelles à leur Eglise.»
Et tout devient possible
Le quotidien Welt gage que le geste du pape ne lui vaudra pas la gratitude des Eglises catholiques dans le monde :
«Au contraire, dans une grande partie d'entre elles - aux Etats-Unis, en Afrique et enfin à Rome même - le mécontentement sera grand. On lui reprochera d'avoir trahi l'Eglise, sacrifié d'anciennes convictions sur l'autel de l'esprit du temps. Mais visiblement atteint par des problèmes de santé, le pape François n'en a cure. On a l'impression que celui qui a fêté son 87e anniversaire le week-end dernier sent qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps s'il veut impulser un changement pendant son pontificat, au-delà des annonces. Que nous réserve-t-il encore? Depuis ce lundi, tout est possible.»
Un suivisme gênant
Pour The Spectator, la bénédiction de couples homosexuels est un camouflet pour les croyants :
«Nous sommes dirigés par un homme qui court après l'esprit du temps, contrariant le peu de fidèles que l'Eglise est parvenue à conserver après tous les scandales et la pandémie, croyant que l'Eglise était détentrice inconditionnelle de la vérité. ... Si seulement le pape avait consacré toute son énergie aux pauvres et aux marginalisés, on aurait pu garder un bon souvenir de son pontificat. A la place, par ses incessantes gesticulations politiques et en foulant aux pieds la tradition comme il le fait, il oublie l'œuvre moins facile mais plus importante qui doit être celle d'un chrétien : se retrousser les manches et vivre dans l'amour. Or l'ouverture d'esprit qui est devenue sa profession de foi vire au nombrilisme.»