L'auteur russe Boris Akounine déclaré 'extrémiste'
L'écrivain en exil Boris Akounine, populaire en Russie, a été ajouté à la liste des "terroristes et extrémistes" par les autorités financières russes. Une enquête a également été ouverte à son encontre. Piégé par un appel de partisans du Kremlin, il avait été amené à reconnaître qu'il avait levé des dons pour l'Ukraine. Comment interpréter cette mesure ?
Pas un mauvais rêve, hélas !
Dans un texte publié sur son site Internet - et relayé par le portail Ekho - Akounine évoque une sombre période pour la Russie :
«Il ne s'agit pas de moi. ... Il s'agit de ma malheureuse patrie, qui est tombée aux mains de criminels. Les personnes qui y vivent sont des otages, même celles qui n'en ont pas encore pris conscience. Quelle sera la prochaine étape ? Un évènement d'apparence marginale - l'interdiction de livres, un écrivain étiqueté 'terroriste' - constitue en réalité un jalon majeur. Aucun livre n'avait été interdit en Russie depuis la période soviétique. ... Ce n'est pas un mauvais rêve : tout cela se produit réellement en Russie aujourd'hui. ... La nuit s'obscurcit un peu plus. Mais un jour, l'aube viendra.»
Le Kremlin perd pied
L'action de Poutine traduit une forme d'impuissance, estime le journaliste Alexander Nevzorov dans Telegraf :
«La réaction courroucée de Poutine à quelques remarques innocentes proférées par l'écrivain Boris Akounine montre l'état de panique dans lequel se trouve le Kremlin. Cette attitude révèle la gravité réelle de sa situation. Un vainqueur serein, sûr de ses forces, ne se comporterait pas de la sorte. ... Le poutinisme vient subitement de révéler toutes ses peurs : pour un rien, il cède publiquement à l'hystérie. Perquisitions dans des rédactions, descentes dans des dépôts, confiscations de tirages, écrivain estampillé 'terroriste' et autres 'mesures' inadéquates montrent que le Kremlin est en train de perdre pied, et qu'il en est conscient.»