Le fret de marchandises bloqué à la frontière Pologne/Ukraine
Des agriculteurs polonais ont érigé des barrages au niveau de plusieurs points de passage le long de la frontière du pays avec l'Ukraine. Ils expriment ainsi leur colère contre la Politique agricole commune (PAC), mais aussi contre l'importation de produits agricoles ukrainiens meilleur marché. Une vidéo montrant des paysans ouvrant des wagons ukrainiens pour laisser les grains de maïs se déverser sur les rails circule sur les réseaux sociaux. Les commentateurs jugent la situation insoutenable.
Du pain bénit pour la propagande du Kremlin
La grogne paysanne porte préjudice à l'image de la Pologne, écrit Rzeczpospolita :
«La destruction de denrées alimentaires est un acte foncièrement immoral. Compte tenu de la faim dans le monde, il est moralement criminel de déverser sur le sol des céréales ukrainiennes. De plus, cette action est catastrophique pour l'image de la Pologne. Alors que l'agression russe contre l'Ukraine entrera bientôt dans sa troisième année, des photos d'agriculteurs polonais en train de saccager des céréales provenant du pays attaqué par la Russie font le tour du monde. Une aubaine pour la propagande du Kremlin. Et une honte pour notre pays. La nouvelle coalition au pouvoir n'avait-elle pas promis de restaurer la réputation de la Pologne dans le monde ?»
Un débat de fond à mener en toute franchise
Les deux parties doivent définir des mécanismes durables pour cohabiter, écrit l'ancien ministre des Infrastructures Volodymyr Omelian sur censor.net :
«Il y a 20 ans, la Pologne était pour l'UE ce que l'Ukraine est pour la Pologne aujourd'hui. Sans la guerre et son cortège de destructions, mais avec une économie que l'occupation soviétique avait laissée moribonde. La Pologne a peur que l'Ukraine, le jour où elle aura rejoint l'UE et l'OTAN, ne touche les fonds européens qu'elle perçoit aujourd'hui. ... Ce ne sera pas le cas avant une vingtaine d'années, mais le temps passe vite. ... C'est pourquoi nous devons mener avec Varsovie un débat de fond en toute franchise, pour mettre en place dès aujourd'hui des mécanismes qui contribueront à la prospérité de nos Etats et renforceront la stabilité de la région.»
Bruxelles doit intervenir énergiquement
L'UE devrait arbitrer ce différend, car c'est la capacité de l'Ukraine à se défendre qui est en jeu, écrit la blogueuse Olena Monova sur son compte Facebook :
«Selon moi, ce dossier est de la plus haute importance, à telle enseigne que toutes les instances européennes doivent s'en saisir sans délai. La Pologne est membre de l'UE et la situation actuelle à la frontière enfreint ouvertement toutes les lois et tous les règlements. A l'heure actuelle, six points de contrôle sont bloqués côté polonais. La situation est particulièrement préoccupante au poste-frontière de Jahodyn-Dorohusk, où le transport de marchandises est complètement paralysé. L'aide humanitaire, les denrées périssables et le carburant s'en trouvent eux aussi bloqués. Cela a un impact direct sur notre capacité de défense.»