Sanctions du G7 contre la Russie : de la poudre aux yeux ?
"Nous demeurons résolus à appliquer pleinement nos sanctions à l'encontre de la Russie et à adopter de nouvelles mesures au besoin". C'est ce qu'ont déclaré les dirigeants du G7 en visite à Kyiv, en signe de solidarité avec l'Ukraine, à l'occasion du deuxième anniversaire de la guerre russe à grande échelle lancée contre l'Ukraine le 24 février 2022. Une déclaration qui fait l'objet de commentaires extrêmement sceptiques.
Une vénalité coupable
Verslo Žinios se demande pourquoi les sanctions prises jusqu'ici n'ont pas fait effet :
«Malgré leurs premières annonces fracassantes, ni le G7 ni l'UE n'ont adopté de sanctions contre toutes les banques. ... Les tentatives de priver la Russie des liquidités liées à la vente de pétrole ont elles aussi plus ou moins fait pschitt. ... Ce qui aurait dû être une mesure généralisée a été déjoué par des entreprises occidentales par tout un arsenal de subterfuges. Ceux-ci ont surtout été le fait d'armateurs grecs, qui ont vendu leurs pétroliers à des acheteurs 'anonymes', permettant ainsi à la Russie d'exporter son pétrole à des tarifs supérieurs aux plafonds fixés. ... Sans parler des exportations occidentales vers l'Asie centrale et le Caucase, qui ont subitement explosé. ... Autant d'exemples qui illustrent que les intérêts court-termistes et la rapacité d'entreprises occidentales mettent en péril la sécurité de tous les pays occidentaux.»
Le commerce mondialisé est incompatible avec la guerre
La Russie n'a pas eu de difficultés à trouver de nouveaux partenaires commerciaux, souligne le service roumain de RFI :
«La Chine, par exemple, prépare depuis longtemps un système de messagerie financière censé concurrencer SWIFT. Le système chinois n'est pas encore opérationnel, mais d'ici qu'il le soit, les Russes paient leurs importations en yuans chinois. Si les sanctions n'ont pas eu l'effet voulu, c'est in fine en raison de la frilosité politique des alliés, mais aussi de la capacité des Russes à profiter d'un système global qui n'est pas conçu pour fonctionner en temps de guerre, mais dans un contexte de paix, de coopération et de libre échange. A ceci s'ajoute le fait que certains pays veulent - plus ou moins ouvertement - traiter avec la Russie.»
Une économie corrompue qui échappe aux lois du marché
Sur LA.LV, le politologue et historien Kārlis Daukšts explique l'incompréhension par l'Occident de l'omniprésence en Russie de l'économie informelle :
«L'adoption des sanctions a apporté à l'économie grise une manne exorbitante. On ne compte pas les bandits qui font du commerce ou importent voitures et pièces détachées depuis le Kazakhstan et le Kirghizistan. Ils font de bonnes affaires. Les sanctions sont pour eux une aubaine. ... Parallèlement au contournement des sanctions, la Russie fait marcher la planche à billets. Une énorme quantité d'argent est actuellement en circulation en Russie, pour acheter les travailleurs modestes ou les troupes envoyées en Ukraine. ... Le monde occidental ne comprend rien à cette économie corrompue, qui neutralise toutes les sanctions qu'il peut prendre.»