Portugal : une campagne électorale entachée de racisme ?
Des législatives anticipées auront lieu le 10 mars au Portugal. Dans le cadre d'un meeting du parti de centre-droit Aliança Democrática (AD), l'ex Premier ministre Pedro Passos Coelho a tenu des propos polémiques, en établissant un lien entre la hausse de l'immigration et un prétendu sentiment d'insécurité, alors que les statistiques ne font pas état d'une hausse de la criminalité. Un telle tactique électorale peut-elle se justifier ? La presse est divisée.
Ne pas laisser les sujets délicats à l'extrême droite
Correio da Manhã y voit une tentative louable en soi :
«En tenant quelques propos anecdotiques sur la sécurité et l'immigration, Passos Coelho a provoqué un véritable séisme. La gauche l'accuse de virer à l'extrême droite et le taxe d'ignorance, mais la vérité, c'est qu'il a abordé des sujets qui étaient jusque-là l'apanage [du parti d'extrême droite] Chega. L'AD et les socialistes doivent cesser de craindre d'évoquer ces problématiques. ... Ce faisant, ils doivent toutefois éviter d'établir un lien entre criminalité et immigration, pour lequel il n'existe pas de preuves. ... Mais plutôt s'attacher à créer un large consensus autour de la politique migratoire et de la politique de sécurité.»
La porte ouverte aux violences xénophobes
C'est une sortie dangereuse, rétorque le journaliste Pedro Tadeu dans Diário de Notícias :
«Passos Coelho ne m'a jamais donné l'impression d'être raciste ou xénophobe, mais un politique responsable devrait toujours privilégier la pédagogie, la véracité et la concorde. ... Or il ne l'a pas fait. Un politique responsable ne devrait jamais établir une corrélation entre criminalité et immigration sans données objectives à l'appui, faute de quoi il courrait le risque d'encourager la criminalité qu'il prétend vouloir enrayer : dans d'autres pays européens, une telle rhétorique a déjà entraîné à plusieurs reprises des violences mortelles contre les immigrés.»