Moldavie : la Gagaouzie sur la voie séparatiste ?
En Moldavie, la province autonome de Gagaouzie cherche à se rapprocher de la Russie. Sa gouverneure, Evghenia Guțul, du parti prorusse Șor, veut intégrer le système de paiement russe Mir, tandis que Moscou a avalisé l'importation de produits agricoles gagaouzes et promis la livraison de gaz bon marché. Les chroniqueurs se demandent si le Kremlin pourrait prendre le contrôle d'un autre territoire du pays, après la Transnistrie.
La responsabilité de Chișinău
La situation est grave, estime le service roumain de Deutsche Welle :
«Dans une année électorale comme celle-ci, le séparatisme gagaouze attisé par la Russie constitue une menace réelle pour la Moldavie. ... L'autonomie partielle de la Gagaouzie donne la possibilité à Moscou de jouer la 'carte démocratique', en attisant le séparatisme et le blocus des Gagaouzes vis-à-vis du pouvoir central à Chișinău. ... Ainsi, le Șor a organisé des protestations lorsque la présidente du pays, Maia Sandu, était en visite dans la région récemment - en déployant des 'troupes de choc' pouvant être mobilisées à tout moment. La Moldavie ne s'est jamais occupée d'assurer une véritable intégration de la région, et l'a au contraire 'laissé mariner dans son propre jus'. ... Elle a donné carte blanche aux agents de la Russie. La graine du séparatisme, qui a pu germer tranquillement, est en train de porter ses fruits.»
Pas en phase avec les réalités
La Gagaouzie n'a pas les moyens de mettre en œuvre les objectifs fixés par sa gouverneure, juge le portail agora.md :
«Dans l'hypothèse d'une telle coopération [entre la Gagaouzie et la Russie], le cadre juridique convenu avec Chișinău devra être respecté, et celui-ci restreint fortement le commerce et les échanges économiques avec les entreprises russes. ... Le prix du gaz est concerné lui aussi. Toute livraison de gaz à la Gagaouzie doit être validée par Chișinău. Il est possible que la Gagaouzie aspire à l'indépendance et tente de développer des relations politiques et économiques avec la Russie, mais les réalités constitutionnelles et politiques moldaves limitent considérablement sa marge de manœuvre.»