(© picture alliance / ASSOCIATED PRESS / Ichiro Ohara)

  La Chine et Taïwan

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L'armée chinoise effectue depuis jeudi des manœuvres tout autour de l'île de Taïwan. Le pays a signalé des dizaines de violations de son espace aérien. Si la Chine a menacé les "séparatistes" hier, estimant qu'ils finiraient "dans le sang", un porte-parole militaire chinois a affirmé aujourd'hui que l'opération consistait à tester la capacité de la Chine à prendre le contrôle de l'île. La presse suit ces récents développements avec inquiétude.

Sur fond de pressions chinoises croissantes, des élections législatives et présidentielle auront lieu samedi à Taïwan. En tête des sondages, avec une avance qui se réduit, le Parti progressiste-démocrate (DPP), emmené par le vice-président Lai Ching-te. Le Kuomintang (KMT), premier parti d'opposition, réclame un cap plus conciliant vis-à-vis de Pékin. Le Parti populaire taïwanais (TPP), pour sa part, préconise une voie médiane.

Lai Ching-te, le candidat du Parti démocrate progressiste, a remporté la présidentielle à Taïwan. On s'attend à ce qu'il poursuive le cap de sa prédécesseure Tsai Ing-wen, critique envers la Chine. Son parti n'ayant pas obtenu la majorité absolue, il devra composer avec les partis d'opposition, qui se veulent plus conciliants envers Pékin. La presse européenne analyse les retombées du scrutin.

Les manœuvres militaires de la Chine autour de Taïwan ont officiellement cessé le 11 avril. Pourtant, selon le ministère taïwanais de la Défense, la Chine continue de réaliser des exercices avec 9 navires et 26 avions. La République populaire considère que Taïwan appartient à son territoire, alors que l'île est indépendante depuis 70 ans. Faut-il s'attendre à un blocus, voire une invasion militaire ? La presse européenne est divisée.

Les déclarations d'Emmanuel Macron sur le conflit sino-taïwanais continuent de défrayer la chronique. Sur le chemin du retour de sa visite d'Etat en Chine avec Ursula von der Leyen, Macron a déclaré à des journalistes que l'Europe ne devrait pas être 'suiviste' sur la question de Taïwan. Il a aussi revendiqué une plus grande autonomie stratégique pour l'Europe, ce qui interpelle les éditorialistes.

La Chine a qualifié la visite de Nancy Pelosi à Taipei de provocation et lancé, en guise de réaction, d'importants exercices militaires autour de Taïwan. L'armée chinoise a empiété sur la zone des douze milles marins de l'île, tandis que des missiles ont touché les eaux revendiquées par le Japon. Les médias européens sont divisés quant au danger que représente cette évolution.

La présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, a entamé dimanche sa tournée en Asie. Si elle a prévu de se rendre à Singapour, en Malaisie, en Corée du Sud et au Japon, elle n'a pas précisé si elle ira ou non à Taïwan. Le président chinois Xi Jinping avait mis en garde contre cette éventualité et ordonné des manoeuvres au large de l'île. Pour la presse, cela n'augure rien de bon.

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, les observateurs craignent que la Chine ne profite du contexte pour attaquer Taïwan. Lors d'un déplacement au Japon hier, le président américain Joe Biden a indiqué que les Etats-Unis défendraient l'île en cas d'invasion - suscitant l'indignation de Pékin. Les commentateurs se penchent sur ces annonces.

Dimanche, le chef de l'Etat chinois, Xi Jinping, a appelé Taïwan à se rattacher à la République populaire, ce que la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, a rejeté sans ambages. La semaine dernière déjà, plusieurs avions de chasse chinois avaient pénétré la zone d'identification de défense aérienne de l'île. De son côté, le Pentagone a admis que des militaires américains entraînaient secrètement l'armée taïwanaise. Une passe d'armes dont les commentateurs font des analyses différentes.