Erdoğan profère des menaces contre Israël
Le président turc, Tayyip Erdoğan, a menacé l'Etat d'hébreu d'intervention militaire si Tsahal frappait le Liban. Depuis l'attaque militaire du Hamas sur le territoire israélien et la guerre consécutive à Gaza, les relations entre la Turquie et Israël se sont fortement détériorées, et le discours d'Erdoğan s'est durci. Il a notamment qualifié le Hamas de "mouvement de libération" et comparé Nétanyahou à Hitler. Faut-il prendre ses sorties au sérieux ?
Se montrer intraitable
Le quotidien Welt fustige les menaces d'Erdoğan, soulignant qu'elles ne peuvent rester sans conséquences :
«On ne peut continuer à traiter Erdoğan comme s'il était le vieil oncle, lors d'un repas de famille, qui se met à pérorer sur le führer après un troisième verre - c'est-à-dire comme un enquiquineur dont on a honte, mais qui serait, au fond, inoffensif. Il est temps de trouver des réactions adéquates pour contrer Erdoğan. Non pas en haussant le ton ou en convoquant l'ambassadeur turc - deux disciplines privilégiées par Erdoğan avec lesquelles aucun politique allemand ne peut rivaliser. Mais plutôt de prendre des mesures concrètes.»
Seule la Turquie résiste
Le quotidien Star, considéré comme le porte-voix du gouvernement turc, tient des propos tout aussi virulents qu'Erdoğan. Il accuse Israël de chercher à occuper d'autres territoires au Proche-Orient, et Londres et Washington de tirer les ficelles :
«Israël est une sorte de mine antipersonnelle que l'alliance britannico-américaine a placée dans la région, et qui est susceptible d'exploser au besoin. Les massacres régionaux perpétrés par Israël, et le dessein d'étendre ses frontières avant le lancement d'une guerre globale, ne sont pas fortuits. ... Alors que l'ordre mondial semble être en pleine reconfiguration, la Turquie est la seule à résister aux velléités de conquête territoriale de l'Etat hébreu. Il s'agit d'une résistance qui concourt également à protéger les autres Etats-nations de la région.»
Des paroles en l'air
Il est fort peu probable qu'Erdoğan croise le fer avec l'Etat hébreu, tempère Jutarnji list :
«Ses propos ont certes un écho retentissant, mais il faut les examiner de plus près et les replacer dans le contexte. Le président turc s'exprimait devant les membres de son parti (AKP), réunis à Rize, sa ville d'origine, et son discours portait essentiellement sur la croissance de l'industrie de l'armement. Ces phrases ont été formulées au conditionnel - la condition ici étant la puissance militaire de la Turquie. ... Il faut aussi les replacer dans le cadre des réalités, à savoir que la Turquie reste engagée militairement en Syrie et en Irak, et qu'elle reste active en Libye. ... Vu la complexité de ce tableau, le Reis ne dispose pas des forces suffisantes pour s'impliquer dans un conflit entre Israël et le Hamas.»