Inondations en Espagne : pourquoi autant de victimes ?
Des pluies torrentielles ont dévasté une partie de la région de Valence, dans le sud-est de l'Espagne. En certains endroits, il a autant plu en huit heures qu'en une année. Le bilan provisoire fait état de 95 morts. Il s'agit d'un phénomène météorologique connu sous le nom de 'goutte froide', ou encore de 'dépression isolée à haute altitude'. Les journalistes soulignent les manquements, tant au niveau de la prévention qu'à celui de la politique de protection du climat.
Une faute humaine
Ce bilan désastreux appelle des conséquences, écrit eldiario.es :
«Si l'on veut empêcher que des phénomènes météorologiques extrêmes fassent davantage de victimes, il faut que la société évolue et qu'un autre modèle économique soit adopté. ... Car il y a des responsables à l'urgence climatique. ... Beaucoup d'élus au pouvoir ont cautionné une urbanisation sauvage. ... Dans les provinces de Valence, d'Alicante et de Murcie, 280 000 maisons ont été construites en zone inondable. ... Les victimes du pire épisode de 'goutte froide' de ce siècle auraient pu être évitées.»
En dépit du bon sens
El País se demande pourquoi les consignes de sécurité n'ont pas été suivies dans les régions inondées :
«A l'heure où l'on extirpe encore des cadavres des décombres et où l'on prend en charge les sinistrés, il est indécent de demander des comptes. Il est toutefois légitime de vouloir comprendre comment il se peut que dans une région qui a connu des inondations tragiques par le passé, un phénomène pourtant annoncé ait pu avoir des conséquences aussi effarantes. ... Les appels à la vigilance des services de météo doivent être suivis. Dès mardi matin, un avis de risque extrême avait été émis. Toutes les activités non essentielles auraient dû être interrompues séance tenante. ... Mais les gens ont continué de vaquer à leurs occupation comme si de rien n'était, jusqu'à ce que les inondations dramatiques y coupent court.»
Une responsabilité politique
El Periódico de Catalunya fait part de sa consternation :
«Pourquoi l'alerte n'a-t-elle pas été donnée bien plus tôt ? Il est inacceptable, au XXIe siècle, que l'on revive les mêmes horreurs qu'en 1957, avec la même pénurie d'informations de la part des autorités. Comment se fait-il que le président du gouvernement régional n'ait pris la parole qu'à 21 heures, alors que tous les accès étaient devenus impraticables, que des dizaines de véhicules s'étaient empilés les uns sur les autres, que la communication était difficile et les habitants piégés chez eux ? ... Ce sentiment d'impuissance, d'improvisation, d'incompréhension et d'effroi contribuera peut-être à améliorer les protocoles à l'avenir. ... Mais une vaste prise de conscience, des explications et une prise de responsabilité politique seront indispensables.»
La protection du climat appelle un financement global
Avvenire espère que la Conférence de Bakou sur les changements climatiques se traduira par des mesures concrètes pour la protection du climat :
«Les solutions existent, ce qui manque, c'est la volonté politique de les mettre en œuvre. La COP29, qui doit débuter le 11 novembre à Bakou, sera un moment de vérité. Il devra répondre à une question fondamentale : comment financer la transition écologique et sociale. En particulier la transition énergétique, qui nécessite des investissements à hauteur de 35 milliards de dollars, après la percée historique du dernier sommet de Dubaï qui avait entériné la 'fin de l'ère fossile'. Pour traduire ces injonctions à l'échelle planétaire, il faudra apporter un soutien massif au 'Sud global'.»
C'est le capitalisme qui est punitif
Mediapart dénonce le retour en force des énergies fossiles, à l'heure où il faudrait mettre les bouchées doubles sur la protection du climat et de l'environnement :
«Historiquement la plus ambitieuse dans les enceintes diplomatiques internationales, l'Union européenne est traversée par la montée des droites conservatrices et radicales qui menacent le déploiement du Pacte vert, la feuille de route pour freiner l'emballement climatique d'ici à 2050. … Autant de signes d'un backlash en cours des politiques publiques de transition écologique, sacrifiées au nom de l'austérité budgétaire et de l''écologie punitive'. Mais cette inconséquence politique a bien du mal à cacher, tant le chaos climatique s'intensifie sous nos yeux, que c'est bien le capitalisme qui est punitif.»