Présidentielle américaine : la dernière ligne droite

Les Américains décideront ce mardi qui des deux candidats à la présidentielle, Kamala Harris ou Donald Trump, prendra la tête de la superpuissance mondiale pour les quatre prochaines années. Les sondages annoncent un duel très serré. Les médias européens évoquent différents aspectsde cette campagne.

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La Stampa (IT) /

Des sympathies au-delà des Etats-Unis

Trump a aussi beaucoup de partisans en Europe, déplore La Stampa :

«Selon les sondages, une moitié environ des électeurs américains voteront pour Donald Trump le 5 novembre. Cet 'environ', avec la complication supplémentaire des collèges électoraux, scellera le sort de l'élection, et il dépend entièrement des citoyens américains. Mais la 'moitié' américaine pro-Trump est loin d'être isolée. ... Cet 'environ' concerne également les Italiens et les Européens. ... Nombreux sont ceux à être convaincus que Trump, s'il revenait à la Maison-Blanche, relancerait l'Amérique, réveillerait l'Occident et aurait des relations privilégiées avec l'Italie. ... Mais ce serait au prix d'avoir à la tête des Etats-Unis un mégalomane égocentrique, antidémocratique, malhonnête, raciste, et de surcroît europhobe et favorable aux autocraties.»

Die Presse (AT) /

Les femmes, le grand atout de Harris

Die Presse se demande si les Américains sont prêts à être dirigés par une femme :

«Kamala Harris a mis de l'eau dans son vin, mais beaucoup de ses anciennes positions très à gauche lui collent à la peau. La prépondérance de son Parti démocrate dans les communautés noires et latinos s'effrite. Un facteur tacite pourrait entrer en ligne de compte : peut-être les électeurs américains ne sont-ils tout simplement pas encore prêts à être gouvernés par une présidente. Si Harris franchissait la ligne d'arrivée avant son concurrent, c'est aux femmes qu'elle devra sa victoire.»

Polityka (PL) /

Il n'y a pas que la présidentielle

On a tendance à négliger l'importance des élections pour le Congrès, qui pourraient toutefois être décisives, écrit Polityka :

«A l'approche des élections américaines, l'opinion semble se focaliser sur l'issue de la course à la Maison-Blanche. Mais les élections au Congrès, qui ont lieu au même moment, ont aussi leur importance. Ceci vaut d'autant plus que le Congrès pourrait devenir un des freins les plus efficaces aux mesures les plus radicales de Donald Trump [si celui-ci remportait la course].»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

Les sondages sont trop présents

On attache une importance démesurée aux sondages d'intentions de vote, déplore Frankfurter Allgemeine Zeitung :

«Les enquêtes sont des baromètres qui peuvent fournir des informations importantes sur l'évolution de l'opinion, mais publiées en boucle comme elles le sont actuellement, elles perdent leur raison d'être. Les instituts de sondage forment l'opinion plus qu'ils ne la sondent, faussant de ce fait les résultats. Ils influencent les électeurs, qui ne votent dès lors plus par conviction mais par tactique. Et ils influencent les politiques, qui n'osent plus s'engager sur telle ou telle question de peur d'y laisser des plumes au prochain sondage dominical. Ne serait-il pas un grand soulagement que d'interdire les sondages six ou quatre semaines avant le jour des élections, comme c'est le cas dans certains pays ? Dans les semaines décisives avant la tenue du scrutin, les thèmes politiques pourraient être au cœur du débat, et non les chiffres et les scénarios.»

Die Presse (AT) /

Le choix entre deux visions contraires

Pour Die Presse, ce sont deux visions du monde totalement opposées qui s'affrontent :

«Le scénario apocalyptique de Trump semble séduire davantage les électeurs que la vision d'espoir et de justice sociale. Face à la dure réalité des prix dans les supermarchés et les centres commerciaux, la rhétorique ambitieuse peine à convaincre – et Kamala Harris, faut-il le rappeler, n'est pas non plus Barack Obama. Malgré le soutien d'Arnold Schwarzenegger, la gent masculine américaine ne pense pas qu'une femme soit à la hauteur pour occuper la plus haute fonction de l'Etat, qui plus est lorsqu'il s'agit d'une femme aux origines multiculturelles, ce qui ajoute au ressentiment. Si la course n'est pas encore jouée, la dynamique actuelle penche plutôt pour un comeback de Trump et de sa sombre vision du monde.»

Tvnet (LV) /

Les jeux ne sont pas encore faits

Les prochains jours s'annoncent difficiles pour les candidats, constate Tvnet :

«Les enquêtes d'opinion donnent tous les jours des projections de vote différentes dans les Etats clés, de sorte que l'annonce d'une infime avance pour Harris tel jour ne voudra plus rien dire le lendemain. De plus, les deux dernières élections présidentielles américaines ont montré que les sondages se révèlent souvent faussement défavorables à Trump, car ses partisans semblent hésiter à avouer leur préférence. Si cette tendance se confirme, Harris devra mettre les bouchées doubles dans les jours à venir pour consolider son avance.»

La Stampa (IT) /

Le vote barrage, une tendance qui s'installe

Pour La Stampa, les élections perdent de plus en plus leur véritable sens :

«Quand on entre dans un bureau de vote, c'est dans l'intention ou du moins l'envie d'améliorer sa vie, dans l'espoir que cocher telle ou telle case sera le gage de davantage de prospérité, de droits voire de liberté. Du moins en théorie. Or dans nos démocraties occidentales, et pas seulement, une autre motivation gagne en effet du terrain. Elle consiste à voter dans le but d'empêcher la victoire d'un candidat indésirable. Il s'agit là d'un thème de plus en plus récurrent des campagnes électorales, à l'heure où la politique, en perte de repères, préfère délégitimer le capitaine adverse plutôt que donner une orientation.»

Jinov Svet (SI) /

Peu importe qui l'emportera, les problèmes perdureront

Pour Sašo Ornik, le vote des électeurs américains ne changera pas fondamentalement la donne - et surtout pas pour le mieux, écrit-il sur son blog Jinov Svet :

«Les électeurs décideront tout au plus qui, entre la Russie et la Chine, sera leur principal adversaire. ... La police restera militarisée et les prisons engorgées. Les pauvres resteront pauvres et la couverture santé universelle demeurera un projet impossible. Les Etats-Unis continueront à accueillir de nombreux immigrés, parce que l'économie ne peut s'en passer, avec pour seule inconnue, la question de savoir s'ils arriveront par voies légales ou s'ils passeront la frontière clandestinement. Les dépenses militaires resteront prioritaires, tandis que les infrastructures manqueront de financements. ... Non, ce mardi, les Américains ne décideront pas entre fascisme et communisme.»

Új Szó (SK) /

La violence, un risque post-électoral

Le journal Új Szó redoute un déchaînement de violence en cas de défaite de Trump :

«Au vu de sa dynamique de communication actuelle, le mouvement conservateur MAGA [Make America Great Again] serait dans l'incapacité d'accepter une telle issue. ... Faut-il que les sociétés démocratiques ressentent parfois dans leur chair que les propos haineux déversés aujourd'hui peuvent se transformer demain en véritables bains de sang ? Qu'à l'ère de la puissance des paroles – démultipliée par les réseaux sociaux et les chambres d'écho, le risque est encore plus menaçant ? Et que beaucoup de candidats autoritaires recherchent les blessures infligées par les débats internes pour marquer des points en remuant le couteau dans la plaie ?»

Le Temps (CH) /

La stabilité financière mondiale en péril

Le Temps s'inquiète d'un point sur lequel les deux camps convergent :

«Donald Trump a ouvert les hostilités en introduisant notamment des barrières douanières pour protéger les productions états-uniennes, mais Joe Biden n'a pas dévié de cette trajectoire. Les deux présidents ont durci le Buy American Act. ... Joe Biden s'est aussi attelé à redonner aux Etats-Unis leur indépendance dans des secteurs comme celui des semi-conducteurs. S'il était amené à revenir, Donald Trump a déjà promis de nouvelles barrières douanières. Quant à Kamala Harris, elle entend protéger à tout prix les emplois des Américains et remporter la victoire de la domination du XXIe siècle face à la Chine. Et l'un comme l'autre prévoient d'appliquer leur programme au prix d'une augmentation de la dette publique, qui fait aujourd'hui peser une menace sur la stabilité financière mondiale.»