Etats-Unis : est-ce que Musk éclipse Trump ?

Elon Musk, chargé de démanteler la bureaucratie gouvernementale par le président élu Donald Trump, pèse déjà de tout son poids : sur son initiative, Trump avait appelé les républicains du Congrès à ne pas voter avec les démocrates pour l'adoption d'un compromis budgétaire. Un shutdown de l'administration a pu être évité de justesse. Les commentateurs jugent la situation d'autant plus critique que Musk commence à s'immiscer dans des affaires européennes.

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Le Monde (FR) /

Un président bis

La capacité de déstabilisation d'Elon Musk surpasse même celle de Donald Trump, surligne Le Monde :

«Depuis son ralliement à Donald Trump, il a modifié l'algorithme de son puissant réseau social, X, pour que ses prises de position politiques bénéficient du plus grand écho possible. Il a été le premier à intimer l'ordre aux républicains du Congrès de renoncer au compromis budgétaire obtenu avec les démocrates. Plus qu'un oligarque, un président bis prend forme, sans disposer de la moindre légitimité conférée par une élection. Elon Musk ne limite d'ailleurs pas son activisme aux frontières de son pays. Il s'expose à des accusations d'ingérence en multipliant les soutiens bruyants à des partis d'extrême droite, en Italie, au Royaume-Uni comme désormais en Allemagne. Son omniprésence et sa capacité de déstabilisation surpassent celles de Donald Trump, qui en avait fait sa marque de fabrique. Il s'agit d'un défi inédit pour les institutions des Etats-Unis.»

Corriere della Sera (IT) /

Une croisade techno-libertaire

Les Etats-Unis cherchent maintenant à renforcer l'extrême droite européenne, met en garde Corriere della Sera :

«Il fut un temps où les Américains tentaient d'exporter la démocratie, sans y réussir ; maintenant, les Etats-Unis diffusent le credo libertaire des géants de la tech représenté par l'idéologie d'Elon Musk. ... Le résultat concret de cette nouvelle croisade est le soutien apporté en Europe au mouvement antisystème d'extrême droite sous toutes ses formes. ... Après avoir largement contribué au retour à la Maison-Blanche de 'The Donald', le propriétaire de Tesla et de Space X vise maintenant le Royaume-Uni, où la perspective d'installer Nigel Farage à Downing Street ne relève plus de la science-fiction.»

The Guardian (GB) /

La diplomatie seule ne suffit pas

Bruxelles ne doit pas fléchir dans l'examen des infractions présumées de X contre le droit européen, réclame The Guardian :

«Elon Musk n'est pas un simple citoyen privé ayant une opinion et de nombreux followers. Sa richesse immense, son contrôle de X et sa nouvelle position au sein du gouvernement américain le placent dans une catégorie différente.. … Bientôt, la balle sera dans le camp de l'UE. Face à de nombreuses violations présumées commises par Musk et X, l'Union doit à ses citoyens de ne pas limiter son action aux interventions diplomatiques. ... Elle doit plutôt démontrer avec fermeté et insistance que même une richesse gigantesque n'accordent pas l'impunité et qu'il y a des choses, telles que la démocratie, qui ne sont pas à vendre.»