L'Ukraine pourra frapper la Russie avec des armes américaines
Selon des informations concordantes relayées par les médias, Joe Biden aurait donné l'autorisation à Kyiv de frapper des cibles en Russie avec des missiles américains longue portée. La décision rompt avec la politique menée jusque-là par Washington. Quelle sera son impact sur la suite de la guerre ?
Pas déterminant pour la suite de la guerre
Le site BBC News fait le commentaire suivant :
«La portée de cette décision sera plus symbolique que stratégique. L'Ukraine n'a reçu des missiles à longue distance qu'en quantité limitée - des centaines, et non des milliers. Les responsables de l'armée américaine ont indiqué depuis longtemps qu'un système d'armement ne permettrait pas à lui seul de gagner la guerre, et que de nombreuses cibles russes - comme des aérodromes - resteront hors de portée. ... Il s'agira néanmoins d'un coup de pouce psychologique considérable à l'Ukraine, à l'heure où ses défenses se lézardent.»
Une nouvelle surenchère
La décision impulsera une nouvelle dynamique à la guerre, estime Visão :
«Après 1 000 jours de conflit, la guerre en Ukraine est devenue un théâtre d'opérations où sont testés, dans un environnement réel, tous types d'armes, nouvelles et anciennes. Des tests susceptibles de produire d'innombrables changements dans la pensée et la stratégie militaire, avec des forces armées moins focalisées sur la quantité et davantage sur la nécessité d'équipements destructeurs, très efficaces et moins coûteux. Joe Biden a finalement autorisé l'usage d'armes longue portée pour frapper le territoire russe. Il s'agit d'une escalade de violences qui aura une incidence sur le Kremlin ; il faut s'attendre à des menaces et à des mesures de rétorsion.»
L'escalade est le fait de Moscou
Moscou cherche à faire plier l'Ukraine d'ici l'entrée en fonction de Trump, juge La Stampa :
«L'autorisation de Biden a mis fin à de longues hésitations, liées à la crainte d'une 'escalade'. Or l'escalade est déjà là, visible par tous, et c'est la Russie qui en est l'instigatrice. ... L'offensive lente, mais tenace et sanglante, des troupes russes, et les attaques aériennes sans précédent visant à plonger les civils ukrainiens dans le froid et l'obscurité ont un objectif clair et explicite : arriver le 20 janvier 2025 [date de la prestation de serment de Trump] avec la majeure partie du territoire ukrainien sous contrôle militaire russe, avec un adversaire à la limite de la survie physique, afin de pouvoir 'geler' le conflit - conformément à ce que voudrait faire Trump, selon diverses sources -, et ce aux conditions les plus avantageuses pour la Russie.»
Dans le doute, les intérêts de l'Ukraine sont secondaires
Satakunnan Kansa craint que l'Ukraine ne soit la grande perdante de l'histoire :
«Il faut s'attendre à un ralentissement de l'aide américaine à l'Ukraine et à ce que l'Europe prenne le relais. Le souci majeur, c'est que deux choses essentielles font défaut à l'Europe pour que celle-ci puisse assumer cette responsabilité : le leadership et les ressources. Dans le pire des cas, l'Ukraine sera obligée d'accepter un accord de paix avec la Russie, malgré les grandes promesses. Il est peu probable, en effet, que la Russie renonce aux territoires qu'elle a conquis. ... Les intérêts de l'Ukraine passent au second plan dès lors qu'ils nuisent à ceux des grands pays. ... Vu de Finlande, c'est une évolution préoccupante.»