Mort de Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen est mort mardi à l'âge de 96 ans. En 1972, il avait fondé le parti d'extrême droite français Front National (FN), renommé Rassemblement National (RN) en 2018, et avait atteint le second tour de la présidentielle en 2002. Il avait cédé les rênes du parti à sa fille Marine, en 2011. Que subsiste-t-il de lui aujourd'hui ?
Un inadmissible extrémiste
On aurait tort d'idéaliser feu Jean-Marie Le Pen, écrit Le Temps :
«En ce début 2025, le RN n'a jamais été aussi proche du pouvoir, dans une France en perpétuelle crise politique où il peut n'importe quand contribuer à la censure du gouvernement de François Bayrou, comme il l'a fait pour celui de Michel Barnier. Dans quelques jours, Donald Trump sera réintronisé président des Etats-Unis. En Autriche, le parti d'extrême droite FPÖ est chargé de former un gouvernement. En Italie, Giorgia Meloni gouverne. En Allemagne, une percée de l'AfD est attendue aux législatives de février. C'est une ambiance préoccupante, voire effrayante, à certains égards, mais ne tirons aucun symbole de ces contextes très différents les uns des autres. Jean-Marie Le Pen est et devra rester un inadmissible extrémiste dans les mémoires.»
Le patriarche s'éteint, son idéologie subsiste
Le Pen était et demeure l'incarnation de l'extrême droite française, explique Eric Jozsef, correspondant du quotidien Libération à Rome, dans La Stampa :
«Il n'avait plus de mandat électoral depuis 2019. Il y a près de dix ans, à l'initiative de sa fille, il avait été exclu du Front National (rebaptisé Rassemblement National en 2018). ... Mais le personnage de Jean-Marie Le Pen est resté présent dans le paysage politique français. Pas seulement parce qu'en 2002, il était devenu le premier représentant de l'extrême droite arrivé au second tour d'une présidentielle - opposé au candidat gaulliste Jacques Chirac. Mais aussi parce que la victoire du RN au premier tour des législatives de juin 2024, avec un score de 33 pour cent, montre que ses idées restent vivaces.»
La machine à propagande est lancée
Le RN va tâcher de tirer parti de la disparition de Jean-Marie Le Pen, analyse Le Quotidien :
«Marine Le Pen martèle à qui veut l'entendre que son parti n'est pas d'extrême droite, qu'il a coupé les liens avec le passé du Front national. Pourtant, lorsqu'on lit les messages publiés par les députés de son parti pour rendre hommage à Jean-Marie Le Pen, les masques tombent. ... Pour le Rassemblement national, Jean-Marie Le Pen est maintenant plus utile mort que vivant. Les militants et élus de ce parti commencent déjà à broder une légende autour de ce monstre politique dans tous les sens du terme : courageux soldat, élu dévoué à l'Assemblée nationale ou au Parlement européen, défenseur de la France seul contre tous. L'histoire du personnage est terriblement plus sombre, mais la machine à propagande va bientôt se lancer.»