Mozambique : quelle posture pour le Portugal ?
Le Portugal, ancienne puissance coloniale, a décidé de dépêcher son ministre des Affaires étrangères plutôt que son président à la cérémonie d'investiture du nouveau président du Mozambique. Le résultat du scrutin dans cet Etat d'Afrique orientale est en effet controversé : l'opposition a dénoncé des manipulations, et le pays est le théâtre de protestations depuis plusieurs mois. Selon la société civile, plus de 300 personnes ont perdu la vie lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Il aurait fallu se montrer plus respectueux
Correio da Manhã critique la décision :
«Le Mozambique fait partie de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), un pays qui compte une grande diaspora portugaise vitale pour de nombreuses entreprises. Le Portugal devrait être représenté par son chef d'Etat, indépendamment des questions de politique intérieure, car les relations entre les Etats priment sur la situation actuelle. Si la CPLP a vocation à constituer un axe fondamental de la politique étrangère, le Portugal ne peut accorder moins d'importance à l'investiture du président du Mozambique qu'elle n'en a accordé aux obsèques de [l'ancien président américain] Jimmy Carter.»
Ne pas légitimer un leadership brutal
Le Portugal aurait mieux fait de n'envoyer personne, rétorque Diário de Notícias :
«Si l'on veut protéger les intérêts portugais au Mozambique, il n'est pas judicieux que les organes étatiques portugais contribuent à la légitimation d'une fraude électorale manifeste. Celle-ci a du reste été le fait d'individus qui se sont à maintes reprises révélés incapables de faire primer l'intérêt général de la population mozambicaine ; qui n'hésitent pas à recourir à la répression policière et à la violence d'Etat dans l'objectif de se maintenir au pouvoir.»