Slovaquie : Fico accuse l'opposition de fomenter un putsch

Au parlement slovaque mardi, l'opposition voulait déposer une motion de censure contre le Premier ministre, Robert Fico. Ce dernier a empêché le vote en dévoilant un rapport des services secrets accusant l'opposition d'organiser un "Maïdan" pour s'arroger le pouvoir par la force – autrement dit de renverser le gouvernement en prenant pour modèle le soulèvement ukrainien de 2014.

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Der Standard (AT) /

Des méthodes dignes de l'ère communiste

Der Standard a un mauvais pressentiment :

«Fico a insisté pour prononcer son discours à huis clos. Raison invoquée : il citerait des extraits d'un rapport des services de renseignement, exigeant qu'après son allocution, tous les députés soient tenus au silence. L'opposition ne s'est pas longtemps prêtée à son jeu, la session a été levée et il n'y a pas eu de vote [sur la confiance]. Par la suite, des députés de la majorité ont fait état de révélations choquantes contenues dans les documents confidentiels évoqués. L'opposition, quant à elle, a parlé d'un catalogue de reproches adressés à Fico déjà abondamment connus. Le chef du gouvernement qualifie les manifestations - qui connaissent un regain de mobilisation - de signes avant-coureurs d'un renversement imminent. Certains députés d'opposition établissent des parallèles avec l'instrumentalisation des services secrets sous la dictature communiste de l'ex-Tchécoslovaquie.»

Seznam Zprávy (CZ) /

Manifester son désaccord est un droit démocratique

Dans Seznam Zprávy, le chroniqueur Samuel Marec estime que Fico perd complètement la mesure des choses :

«La peur, le mensonge et le conspirationnisme sont les outils de Fico. Il veut rapprocher la Slovaquie de l'Est et fait des allusions à une sortie de l'Union européenne et de l'OTAN. Il parle de putsch et menace ses adversaires. Il le fait soit par conviction, soit tout simplement pour mobiliser son électorat avant des élections anticipées. J'ignore quelle est sa véritable motivation et franchement, cela n'a aucune importance. Ce qu'il est important de retenir, c'est que Robert Fico a perdu toute inhibition. ... Il a annoncé des 'mesures de précaution conséquentes' pour déjouer un putsch. Or exprimer son désaccord n'est pas préparer un putsch, c'est un élément central de la démocratie.»

Aktuality.sk (SK) /

Des tentatives d'intimidation de style autoritariste

Aktuality.sk met en garde contre la répression qui pèse sur le pays :

«Fico veut semer la terreur dans la partie pro-occidentale de l'opinion, mobilisée depuis le début de la formation de son gouvernement, grosso modo. Il souhaite que les gens renoncent à aller manifester de peur d'un évènement provoqué pouvant entraîner un effet boule de neige, par exemple une arrestation, une intervention de la police, etc. ... Fico continue ses attaques contre ce qu'il subsiste de l'Etat de droit, il déstabilise la Slovaquie et adopte des méthodes propres aux régimes autocratiques. La pire des choses qui puisse arriver serait que ses détracteurs se laissent gagner par la peur. Car ce serait lui concéder la victoire.»

Respekt (CZ) /

Un silence révélateur à Prague

En Tchéquie, la classe politique a de bonnes raisons de suivre de très près ce qui se passe chez son voisin slovaque, écrit Respekt :

«On ne peut pas exclure que les semaines à venir soient extrêmement dramatiques en Slovaquie – sans exagération –, et que la protection de l'Etat de droit et de la démocratie soit en danger. Ceci pourrait aussi déteindre sur la politique tchèque. Fico et son parti SMER figurent au nombre des alliés politiques les plus proches d'Andrej Babiš [ex-Premier ministre et actuel chef de l'opposition tchèque]. Il cherche scrupuleusement à ne pas compromettre cette alliance par des critiques. D'une certaine manière, la Slovaquie et la Hongrie sont pour nous des Etats qui donnent à voir à l'opinion tchèque ce que les alliés tchèques de Fico ont l'outrecuidance de vouloir mettre en place chez nous à l'avenir.»