USA : que penser des expulsions vers le Salvador ?

Le gouvernement Trump a expulsé plus de 200 membres présumés d'un cartel de la drogue vénézuélien vers le Salvador, où ils doivent être incarcérés. Les autorités américaines ont invoqué une loi remontant au XVIIIe siècle conçue pour être mise en application dans un contexte de guerre. Le juge fédéral James Boasberg, qui avait bloqué l'expulsion et réclame désormais des explications, a été qualifié par Trump de 'fou extrémiste de gauche'.

Ouvrir/fermer tous les articles
Helsingin Sanomat (FI) /

La société s'habitue à l'autoritarisme

Cautionner les traitements brutaux envers des immigrés constitue une dangereuse banalisation de la violence, pointe Helsingin Sanomat :

«Les mesures sont clairement plus agressives que lors du premier mandat de Trump, mais la résistance s'est affaiblie. Cela peut s'expliquer par la peur, mais aussi par une évolution de l'état d'esprit. ... Une politique autoritariste qui commence par une politique migratoire stricte ne s'arrête pas forcément à l'immigration. Quand les gens commencent à tolérer les entorses à la loi et la violence contre les immigrés, il y a de fortes chances qu'ils les tolèrent également quand il s'agira d'autres minorités, et in fine du peuple entier.»

Sydsvenskan (SE) /

Une mise en scène fasciste

Outre l'expulsion en soi, la manière dont elle est mise en scène par les dirigeants américains et salvadoriens fait froid dans le dos, estime Sydsvenskan :

«Le film a été partagé sur les réseaux sociaux par [le président salvadorien] Bukele, mais aussi par la Maison-Blanche et par Donald Trump. On y voit des vues de dessus filmées par drones et des gros plans sur des hommes bousculés hors d'avions, le crane et le visage rasés, et jetés dans des cellules de prison. Une mascarade fasciste avec une musique de fond dramatique annonciatrice de la nouvelle ère qui point aux Etats-Unis. Plus personne n'est véritablement en sécurité, l'arbitraire est omniprésent. Ceux qui ont voté pour Trump ont obtenu exactement ce qu'il leur avait promis.»

El País (ES) /

Le nouvel ordre mondial voulu par certains

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à rompre avec la séparation des pouvoirs et de l'Etat de droit, rappelle El País :

«Trump s'est assis sur l'ordonnance du juge, que certains membres de son gouvernement ont même tourné en dérision. La séparation des pouvoirs est devenue inopérante – le nouveau président des Etats-Unis veut faire passer en force son agenda, en contournant les règles du jeu s'il le faut. Les rouages de l'Etat de droit sont lents, complexes, et ils entravent le projet trumpien de 'rendre sa grandeur à l'Amérique'. Alors poubelle. ... Les personnages comme Trump font disparaître les anciennes valeurs qui sont les piliers de la démocratie. Ceci vient conforter la thèse de politiques comme Viktor Orbán, pour qui le 'soft power' que l'Occident revendique toujours est une expression de faiblesse et de vulnérabilité, et non de force et d'autorité. Voilà à quoi il ressemble, le nouvel ordre mondial.»