Hollande envisage des frappes contre Daech en Syrie
Le président français François Hollande a annoncé lundi un revirement dans sa politique extérieure : il envisage des frappes aériennes contre le groupe terroriste Daech en Syrie. Certains commentateurs dénoncent une tentative de la France de se donner un rôle d'envergure internationale. D'autres, en revanche, y voient la possibilité de combattre à la racine l'origine de l'exode des migrants.
Les gesticulations de François Hollande
Si François Hollande prévoit d'effectuer des frappes aériennes contre les positions de l'Etat islamique (Daech) en Syrie, c'est à seul dessein de présenter la France comme un acteur d'envergure internationale, critique le journal en ligne de gauche Mediapart : "Le revirement de François Hollande, alors que rien n'a fondamentalement changé sur le terrain depuis les deux dernières semaines, ressemble beaucoup à de la gesticulation pour donner le sentiment que la France tente de résoudre la 'crise des migrants' à la racine. … D'autant que, en termes de moyens mis en œuvre et d'impact, la volonté de bombarder les cibles liées à l'Etat islamique reste une goutte d'eau dans l'océan des problèmes à résoudre en Syrie et alentour. L'approche court-termiste de François Hollande, sans moyen ni stratégie globale, n'est pas à la hauteur de l'enjeu."
Intervenir à la racine
Le président français François Hollande entend procéder à des frappes aériennes contre les positions de Daech en Syrie. Un projet que salue le quotidien libéral Il Sole 24 Ore, estimant que la Syrie a été trop longtemps abandonnée à elle-même : "Si la Méditerranée est réellement un ensemble d'Etats interdépendants, avec une côte Nord et une côte Sud, cela signifie que les pays européens doivent assumer davantage de responsabilités. Y compris les responsabilités militaires. Laisser les Syriens 's'occuper de la Syrie' a contribué à déclencher une crise humanitaire. Fermer les frontières, ou accueillir généreusement tous les réfugiés cherchant à échapper au conflit syrien, ne servira à rien tant que l'on n'interviendra pas à la racine."
Ne rien faire n'est plus une option
L'Allemagne devrait tout au moins examiner l'éventualité d'une participation aux frappes aériennes contre l'organisation terroriste Etat islamique (EI), exige le quotidien conservateur Die Welt : "Le recours aux moyens militaires doit être étudié par la classe politique avec plus de précautions que tout autre mesure. Mais tout examen doit aboutir à une conclusion, sinon ce n'est qu'une fuite. Nous autres Allemands avons tendance à fuir. Il est certain que les bombes ne sauraient à elles seules restaurer la paix. Mais tant que la domination militaire de l'EI ne sera pas brisée, toute évolution politique sera sans lendemain. … Nous pouvons également mettre à profit nos relations exceptionnelles tant avec les chiites qu'avec les sunnites du Proche-Orient, pour contribuer à une solution négociée. Nous pouvons contribuer à instaurer des zones de protection. Dans le cas de la Syrie, la seule option d'action que nous avons essayée à fond a été de ne rien faire du tout. Un échec. Si nous ne le reconnaissons pas, nous ne prenons pas la mesure de l'histoire des réfugiés que nous accueillons - alors même que nous les aidons."
Syrie : les acteurs régionaux empêchent toute solution
Les intérêts divergents des acteurs régionaux empêchent toute résolution politique du conflit syrien, selon le quotidien libéral Hürriyet Daily News : "L'Arabie Saoudite ne s'arrêtera que lorsqu'Assad aura été renversé. Pour y parvenir, Riyad continue de soutenir les groupes islamistes supposés 'modérés', mais elle n'a aucune idée de ce à quoi pourrait ressembler 'l'après Assad' - le vide au pouvoir sera vraisemblablement rempli par les Frères musulmans dans le meilleur des cas, et par Daech dans le pire. Or elle les considère tous deux comme ses ennemis jurés. Le véritable objectif de Riyad est de maintenir l'Iran, son principal rival régional, hors de Syrie ; la poursuite de la guerre garantit, pour le moment du moins, cette mise à l'écart. Inversez la position saoudienne, et vous obtiendrez la position iranienne, qui s'attache à faire en sorte que les puissances sunnites, à commencer par l'Arabie Saoudite et la Turquie, ne deviennent pas des acteurs clés en Syrie. Téhéran, par conséquent, continue de soutenir Assad."