L'UE et la Turquie conviennent d'un plan pour les réfugiés
L'UE et la Turquie se sont mises d'accord sur un "plan d'action commun" destiné à réduire les flux de réfugiés désireux de rallier l'Europe. Ankara devra mieux contrôler ses frontières, en contrepartie de quoi le pays sera qualifié de "pays d'origine sûr". Compte tenu des violations des droits de l'homme en Turquie, cet accord est une véritable farce, critiquent certains commentateurs. L'UE est encore bien loin d'une politique d'asile commune, déplorent d'autres éditorialistes.
La Turquie n'est pas un Etat sûr
Dans le contexte de ces derniers mois, ponctués d'attentats contre des manifestants, de couvre-feux et de violences envers les journalistes, ériger la Turquie au rang d'Etat sûr est une erreur, commente le quotidien de centre-gauche Der Standard : "Bruxelles et plusieurs gouvernements de pays de l'UE essaient d'assouplir leur position vis-à-vis de la Turquie : c'est un partenaire difficile, nous dit-on, avec lequel il faut s'entendre rapidement sur un accord pour endiguer le flux de réfugiés. L'Europe destine la Turquie à devenir un vaste camp de rétention subventionné par elle. Quiconque y pénètrera sera condamné à y rester ; ceux qui s'en échapperont y seront renvoyés. Mais les choses ne se dérouleront pas aussi facilement. Qui dit 'Etat sûr' dit aussi respect de la Convention européenne des droits de l'homme. A ce niveau, Ankara a encore beaucoup à faire."
Merkel abandonnée par ses partenaires européens
Tant que les partenaires européens ne respecteront pas leurs engagements, il sera grotesque de parler d'une politique commune de l'UE en matière de réfugiés, assène le quotidien conservateur Financial Times : "Le magnanime geste moral de Merkel ne peut fonctionner que s'il s'accompagne de mesures permettant de contrôler quelque peu l'afflux de migrants venus du Proche-Orient et d'Afrique - mais aucune mesure de ce type ne point à l'horizon. … Début octobre, Frontex, l'agence européenne de protection des frontières extérieures, avait réclamé aux Etats membres un renfort de 775 agents pour faire face à l'enregistrement des réfugiés. A ce jour, 48 personnes y ont été affectées. De plus, les gouvernements nationaux avaient promis de verser 500 millions d'euros au fonds fiduciaire européen destiné à améliorer les conditions d'hébergement dans les camps de réfugiés. A ce jour, huit millions seulement y ont été versés."
Berlin dicte sa politique d'asile à l'Europe
Comme les précédents, le quatrième sommet européen sur les réfugiés n'a abordé qu'une seule question : que faire de ces personnes ? C'est le constat du journal économique libéral Hospodářské noviny, qui préconise de doter l'UE d'une politique d'asile cohérente : "Les quotas ne sont pas applicables politiquement, même dans les pays qui les approuvent. … Certains Etats laissent les réfugiés poursuivre leur route, afin que d'autres s'occupent d'eux, tandis que d'autres érigent des clôtures frontalières - ce qui montre bien les disparités dans la gestion du problème. L'Europe n'accepte que la première variante - la grecque et l'italienne. La seconde - hongroise - est rejetée. Du moins en apparence, et pour le moment. … Il est compréhensible que l'Allemagne, qui assure l'accueil de la plupart des réfugiés, tente de convaincre les pays de l'UE d'adopter sa politique d'intégration. Une entente sur cette question serait préférable et plus simple pour tout le monde. Mais en aucun cas en se pliant aux règles de l'Allemagne."