La Grèce paralysée par une grève générale
La Grèce a tourné au ralenti jeudi suite à l'appel à la grève générale lancé par les syndicats et les nombreuses manifestations anti-austérité qui se sont tenues dans le pays. La mise en œuvre des réformes, condition nécessaire à l'octroi des aides financières, est à l'origine de désaccords entre la troïka et le gouvernement grec. Or un litige avec les créanciers serait contre-productif, critiquent les commentateurs, qui appellent Athènes à ne pas perdre de temps.
Un litige avec les créanciers n'apporterait rien
Le Premier ministre Alexis Tsipras doit convaincre ses compatriotes que seule la mise en œuvre des mesures d'austérité réclamées par les créanciers internationaux permettra au pays d'avancer, écrit le quotidien économique libéral Financial Times : "En moins d'un an, Tsipras a remporté deux élections législatives et un référendum. Il n'est confronté qu'à une faible opposition à l'intérieur et à l'extérieur de son parti. Il est désormais temps pour lui de mettre à profit ce capital politique. Un résultat positif lors du premier examen du programme d'austérité l'aiderait à établir la crédibilité. … Le chef du gouvernement doit convaincre la classe politique et l'opinion publique que ces mesures sont nécessaires, et se garder de les inciter à croire qu'un conflit avec les créanciers pourrait apporter quoi que ce soit. Le fait qu'il s'abstienne de le faire, alors qu'il vient juste d'être réélu, laisse penser que son second mandat ne sera pas plus productif que son premier."
Athènes n'a pas droit à l'erreur
La reprise des négociations entre Athènes et ses créanciers représente un péril pour la Grèce, selon le journal économique Imerisia : "Ces nouvelles lignes de front détériorent le climat et mettent en péril le processus de recapitalisation des banques. Il est évident que les investisseurs privés préfèrent la clarté. Ils demandent à ce que l'économie suive une ligne claire. Or celle-ci ne pourra être garantie qu'à l'issue de l'évaluation et de l'adoption des mesures requises. … C'est une période particulièrement délicate. Il s'agit de questions économiques, politiques et nationales particulièrement importantes. Le gouvernement, mais aussi l'ensemble du système politique, sont appelés à agir de façon responsable. Nous n'avons plus droit à l'erreur."
La Grèce n'a jamais cru aux réformes
Outre les syndicats grecs, le parti au pouvoir Syriza a également appelé à participer à la grève générale. C'est le signe que le parti n'a jamais cru lui-même au programme d'austérité auquel il a souscrit, estime le quotidien libéral-conservateur Corriere della Sera : "Il affirme vouloir renforcer ainsi sa position vis-à-vis de la troïka. … L'appel du gouvernement n'est probablement qu'une trouvaille rhétorique à l'intention d'une base désorientée. Ceci illustre bien pourquoi les politiques de réforme et de contrôle des dépenses ont stimulé la croissance et réduit le chômage dans des pays comme le Portugal, l'Irlande, Chypre et l'Espagne, mais pas en Grèce. Car les gouvernements à Athènes n'ont jamais cru à ces politiques et ne les ont pas mises en œuvre, alors qu'ils en avaient besoin plus que tout autre pays : ils défaisaient la nuit ce qu'ils tissaient le jour. Tsipras ne croit pas à ce qu'il a signé : une incertitude néfaste, pour lui comme pour les Grecs."