Le Monténégro en route vers l'OTAN
L'OTAN a officiellement invité mercredi le Monténégro à rejoindre les rangs de l'organisation. Choisir ce moment pour élargir l'alliance militaire revient à provoquer Moscou, estiment certains commentateurs. D'autres voient dans cette adhésion une étape importante pour stabiliser les Balkans occidentaux.
Les Etats-Unis versent de l'huile sur le feu
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe a indiqué la semaine dernière qu'une possible adhésion du Monténégro à l'OTAN serait un "coup supplémentaire" porté aux relations entre la Russie et l'Occident. Cette mesure est une provocation, estime également le quotidien catholique Avvenire : "Il faudra que quelqu'un nous explique les raisons de ce concentré de légèreté tactique, de superficialité politique et d'obstination hégémonique dont se rendent coupables les Etats-Unis. … Car engager la procédure d'adhésion d'un pays balkanique à l'OTAN à un moment aussi difficile revient à provoquer la riposte immédiate et impitoyable de la Russie. Dans ce jeu de pouvoir asymétrique qui agrège la Russie, la Turquie, les Etats-Unis et l'OTAN autour du conflit avec Daech, il est évident que certaines catégories ne sont plus valides. Une question subsiste : pourquoi jeter de l'huile sur le feu ? Pourquoi dépasser les bornes avec ce qui a tout l'air d'une provocation vis-à-vis d'un partenaire fondamental pour la résolution du conflit au Proche-Orient ?"
Une adhésion importante pour les Balkans occidentaux
L'OTAN a officiellement invité le Monténégro à rejoindre ses rangs. Une étape importante pour la stabilisation des Balkans occidentaux, estime le quotidien libéral Jutarnji list : "L'Albanie et la Croatie sont déjà dans l'OTAN. Les troupes de l'OTAN sont stationnées au Kosovo et la Serbie est membre du partenariat pour la paix. Après plus de 20 ans d'engagement de l'OTAN dans la région - des missions de maintien de la paix aux interventions militaires comme les frappes aériennes contre l'ex-République de Yougoslavie - l'adhésion du Monténégro montre que la meilleure alternative à la présence de l'OTAN dans la région, c'est l'intégration de celle-ci dans l'OTAN. Cette fois encore, la Russie a perçu cette invitation comme une provocation. … Mais le Monténégro est loin de la Russie, si bien que le déploiement de navires ou de missiles ne peut être considéré comme une menace sérieuse pour la Russie."
OTAN : des signaux contradictoires en apparence seulement
Malgré les protestations de la Russie, l'OTAN veut accueillir le Monténégro en son sein tout en réactivant le Conseil OTAN-Russie. Ces déclarations ne sont pas aussi contradictoires qu'il n'y paraît au premier abord, estime le site de la radio publique Deutschlandfunk : "L'OTAN ne peut se laisser dicter par des tiers - quand bien même ce tiers serait un poids lourd comme le président russe - les nouveaux membres qu'elle peut accueillir en son sein quand ceux-ci en formulent la demande. Le droit de chaque Etat de choisir l'alliance à laquelle il souhaite appartenir est défini par le droit international. … Le message [adressé au Kremlin] est le suivant : nous voulons davantage de contacts pour éviter que des malentendus militaires n'entraînent des réactions en chaîne catastrophiques. Et parce que nous avons besoin de vous en tant que partenaire stratégique sur la scène internationale. Les tentatives de réanimation du Conseil OTAN-Russie peuvent être un instrument efficace. Au demeurant, en dépit de notre besoin de coopération, nous ne laissons pas le Kremlin nous imposer notre agenda, y compris dans le dossier syrien."