Massacre d'Orlando : quel effet sur la campagne présidentielle ?

De nombreuses interrogations subsistent après le massacre perpétré dans une boîte gay d'Orlando, en Floride. Si le tireur a déclaré agir au nom de Daech, le gouvernement américain n'évoque pas pour l'instant de lien direct entre l'assaillant et le groupe terroriste. Les commentateurs espèrent que le prochain président des Etats-Unis saura enrayer le terrorisme.

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Correio da Manhã (PT) /

Clinton n'importunera pas ceux qui financent le terrorisme

Hillary Clinton a appelé l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Koweït à empêcher leurs ressortissants de financer des organisations extrémistes. Correio da Manhã doute qu’elle soit prête à engager des changements susceptibles de compromettre les relations avec les grands producteurs de pétrole :

«Après l’attentat d’Orlando, la candidate à la présidence américaine a vivement critiqué l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Koweït pour leur soutien aux idéologies islamistes extrémistes. Et Clinton fait bien d’attirer l’attention sur ces trois pays, parce qu’il s’agit d’alliés des Etats-Unis. Les sociétés pétrolières américaines ont des liens très étroits avec les producteurs saoudiens. C’est pourquoi il semble plus qu’hypothétique que Hillary Clinton, si elle devait devenir présidente des Etats-Unis, change quoi que ce soit aux relations avec les 'rois du pétrole'.»

L'Obs (FR) /

Clinton s'attaque au lobby des armes

Après le massacre d’Orlando, Hillary Clinton a appelé à restaurer l’interdiction des fusils d’assaut. Une prise de position qui lui vaut les louanges de L’Obs :

«C'est en effet la première fois qu'un candidat en position d'être élu – Hillary Clinton – fait de son opposition à la NRA un argument central de sa campagne. Fini le temps des concessions à l'opinion publique et aux élus démocrates d'Etats 'pro-guns': pour la première fois depuis des décennies, un politicien joue son élection sur le pari qu'une majorité d'Américains souhaitera mettre fin à un carnage collectif imbécile et sans précédent. C'est un pari difficile, face à un lobby formidable et un parti républicain qui surfe sur la culture paranoïaque de la NRA, mais ce n'est pas un pari impossible : pendant dix ans, de 1994 à 2004, les armes d'assaut ont été interdites à la vente par une loi fédérale. Rien n'empêche d'espérer qu'on en revienne un jour, au minimum, à cette simple règle de bon sens.»

NRC Handelsblad (NL) /

Ne pas tomber dans le piège de Trump

L’attentat d’Orlando a été un coup porté à la société libérale, analyse NRC Handelsblad :

«Le véritable objectif de cette attaque, c’était la société occidentale ouverte, dans laquelle coexistent les points de vue, les confessions et les différentes façons de s’aimer. … On ignore encore quelle était la véritable nature des liens [entre le meurtrier et Daech]. Le groupe terroriste a en tout cas immédiatement salué le massacre. … Malheureusement, comme on pouvait s’y attendre, le candidat républicain à la présidence américaine, Donald Trump, n’a pas hésité à instrumentaliser la tuerie. Celle-ci serait la preuve, selon lui, qu’il avait raison de mettre en garde contre les dangers de l’islam. Il a par ailleurs renouvelé son appel à fermer les frontières aux musulmans. La réaction la plus simple consiste à céder à la peur et à la méfiance. Elle passe par la fermeture de la société ouverte, ce qui serait un cadeau fait aux fanatiques de tous bords - à l’intérieur comme à l’extérieur des Etats-Unis.»

Sme (SK) /

Nouveau massacre, réactions habituelles

Après la fusillade d’Orlando, l’Amérique et le monde semblent une fois de plus complètement paralysés, constate Sme :

«L’auteur des tirs, un Américain afghan issu de la deuxième génération, avait été par deux fois déjà interrogé par le FBI pour soupçons de terrorisme, ce qui ne l’a toutefois pas empêché de se procurer une arme en Floride la semaine passée. Le lobby des armes n’a pas commenté l’évènement. Mais il retournera très bientôt à sa mission et bloquera toute modification d’une législation sur les armes aberrante. … Le président Obama continue d’éviter le terme de 'terrorisme islamiste radical' utilisé par Trump, lui préférant celui d’'extrémisme violent'. Comme s’il était plus important d’éviter une offense que de définir clairement le défi auquel nous faisons face. C'est une boucle sans fin. Agacés par ce petit jeu, les électeurs votent pour des forces radicales qui promettent de mettre fin au système actuel. Par exemple Trump ou les pro-Brexit.»

L'Echo (BE) /

Les Américains doivent se serrer les coudes

Après l’attentat d’Orlando, il faut que les Etats-Unis empêchent l’aggravation des clivages sociaux, prévient le journal L'Echo :

«Dimanche, le président Obama appelait les Américains à ne pas se retourner 'les uns contre les autres', à apparaître 'unis'. Le monde politique n’a pas vraiment montré l’exemple. Que feront les Américains? Cette fusillade aggravera-t-elle les clivages au sein de la population, fera-t-elle triompher Trump le 8 novembre? Beaucoup d’eau passera sous les ponts d’ici l’élection, mais espérons que le bon sens l’emportera. Sinon, ce serait une victoire pour les terroristes islamistes qui ne cherchent qu’à nous diviser et ce, quels qu’aient été leurs liens avec Omar Mateen, l’auteur de la fusillade.»

The Guardian (GB) /

Les lois américaines sur les armes font des victimes

L’attentat d’Orlando montre une fois de plus que dans beaucoup d’Etats des Etats-Unis, la législation très libérale sur le port d'armes fait finalement plus de victimes qu’elle n'en empêche, pointe The Guardian :

«La terrible vérité est que la société américaine est plus vulnérable que d’autres à ce genre d’attaques parce qu’elle croit que la liberté exige un accès facile et généralisé aux armes. … Au cours des dix dernières années, les Etats-Unis ont été le théâtre de pas moins de 43 attaques par armes à feu ayant fait au moins quatre victimes dans des espaces publics. Des motivations idéologiques n’ont pu être attestées que dans de rares cas isolés. Certaines d’entre elles se sont produites dans des Etats comme la Floride où pratiquement n’importe qui peut se promener en toute légalité avec des armes mortelles dissimulées, pour peu qu'il ait fait une demande de licence. En réalité, dès que les balles commencent à voler, ces armes ne sauvent la vie à personne. Mais avant qu’on en arrive là, elles procurent un sentiment subjectif de sécurité.»

Frankfurter Allgemeine Zeitung (DE) /

De l'eau au moulin de Trump

L’attentat d’Orlando pourrait avoir un impact considérable sur la campagne présidentielle, gage Frankfurter Allgemeine Zeitung :

«De toute part fusent les appels à ne pas tirer de conclusions précipitées, mais ils retentiront probablement dans le vide. Il y a longtemps que Donald Trump, candidat du Parti républicain à la présidentielle, a fait savoir le sort qu’il réserverait aux musulmans à l’heure du terrorisme islamiste si cela ne tenait qu'à lui : l'interdiction d’entrée sur le territoire. Expulsion de force ? Internement ? Dans leur égarement, beaucoup d’Américains vont cesser de considérer les commentaires de Trump comme de vains bavardages et donneront raison à celui qui leur susurre à l’oreille des propos radicaux, même si ceux-ci sont en porte-à-faux total avec les valeurs des Etats-Unis et le droit en vigueur. … Même s’il s’agissait de 'home grown terror' - d’un phénomène national - on ne saurait exclure un élargissement international. La Floride s’est réveillée dans un bain de sang, et ceci pourrait fort bien avoir de fâcheuses répercussions - bien au-delà des présidentielles de novembre. »

Protagon.gr (GR) /

Un triomphe pervers de l'individualisme

C’est sous un nouveau visage que le terrorisme a frappé à Orlando, écrit le portail Protagon :

«Ce n’est pas le premier massacre. Et ce ne sera pas le dernier. Il nous aidera à comprendre que nous n’avons plus affaire à une guerre des cultures mais à une guérilla, qui s’apparente à une psychose obsessive affectant des âmes solitaires. On aura beau bombarder à l’envi les djihadistes, des individus continueront, dans les bas-fonds des métropoles occidentales, à prêter des serments sacrés de vengeance et à appeler à 'punir les mécréants'. L’Occident fait désormais face à des individus isolés. Oui, il s’agit du triomphe de l’individualisme, sous sa forme la plus perverse. Une personne suffit - un inconnu au bataillon agissant en solitaire. Son acte ne change pas le cours de l’histoire, mais il contribue toutefois à l'écrire avec le sang d’innocentes victimes.»

Autres opinions

Süddeutsche Zeitung (DE) / 14 juin 2016
  Une victoire de Trump serait une catastrophe de plus (en allemand)