Tristesse et angoisse après la tuerie de Munich
La fusillade survenue dans un centre commercial de Munich a monopolisé l'attention médiatique internationale, car pendant plusieurs heures, les journalistes ont pensé qu'il pouvait s'agir d'une attaque terroriste. Tout le monde a les nerfs à vif, soulignent les commentateurs, qui se penchent sur la biographie du meurtrier.
L'angoisse gagne du terrain
Etant donné le rythme effréné avec lequel s’enchaînent les massacres, il n’est pas étonnant que la société soit extrêmement tendue, estime Právo :
«Le sentiment de sécurité est ébranlé à une cadence toujours plus importante sur notre continent, qui bénéficiait jusqu’alors d’un certain calme. Les citoyens ont peur, quelle que soit la manière dont les auteurs agissent, en forcené ou en terroriste. D’autant plus que les partisans de Daech ont salué l’attentat de Munich. ... La question qui revient le plus souvent dans les médias sociaux : combien de victimes faudra-t-il compter encore avant que nos politiques se décident enfin à mettre en place des mesures capables de garantir la sécurité ? … Affirmer qu'il faudra s'habituer à de tels événements ne fera pas revenir les morts d’outre-tombe, cela ne fait que renforcer la peur qui a pris racine dans nos têtes.»
Les questions importantes sont mises de côté
Suite à la fusillade de Munich, l’Allemagne évite de se confronter à la véritable menace terroriste, critique le NRC Handelsblad :
«On ne se pose pas les bonnes questions, tout du moins pas encore. Par exemple sur l’efficacité de la police, que l’on n’a cessé de féliciter pour son travail ce week-end, alors qu’elle était totalement désorganisée le vendredi soir. … Question qui fâche et reste en suspens : qu’aurait-elle pu faire si l’attaque avait été perpétrée par un commando terroriste bien entraîné ? … Pendant des heures, l’Allemagne a craint de revivre une attaque terroriste comme en France ou en Belgique. Dès que cette hypothèse a été écartée, la tension politique est redescendue. Il s’agit certes d’une tragédie, mais n’exigeant pas d’Angela Merkel qu’elle se justifie. Elle a pu s’ériger en grande consolatrice de la nation. Pourtant, un problème perdure. … L’attitude positive avec laquelle les étrangers ont été accueillis l’année dernière à Munich a pris un sacré coup depuis la série d’agressions sexuelles du Saint-Sylvestre à Cologne.»
Gare aux condamnations hâtives
Le tireur était un Munichois de 18 ans né en Allemagne et de parents iraniens. Il faisait l’objet d’un suivi psychologique. Le déchainement des passions sur les réseaux sociaux accable le journal Kurier :
«Nous devrions nous interroger sur les accusations intempestives qui ont fourmillé sur les réseaux sociaux alors que la seule information dont nous disposions était que l’auteur des faits était 'germano-iranien'. … 'Merci Merkel !' : voila l'un des commentaires les plus inoffensifs que l’on pouvait lire sur les comptes allemands et autrichiens. Pourtant, la police avait bien précisé pendant la nuit du massacre que le Germano-Iranien vivait en Allemagne depuis 'plus de deux ans'. Pourtant, le message sous-entendu avait le mérite d'être clair : le tueur fou n’est pas venu en Allemagne comme réfugié, et encore moins avec la grande vague de l’année dernière.»
Un individu malheureux et en échec
Suite au massacre de Munich, il faut se pencher sur la biographie du tueur, souligne le site Zeit Online :
«Soyons réalistes, même les meilleures mesures préventives du monde ne pourront pas avoir un impact sur tous les adolescents, et encore moins sur les adultes. Pourtant, elles sont essentielles : elles visent à améliorer la vie de tous, en sensibilisant au harcèlement, en aidant une personne qui traverse une crise, voire en détectant la crise elle-même et éventuellement les signes qu’un potentiel forcené envoie avant de passer à l’acte. Nous éprouvons naturellement de la compassion en premier lieu à l’égard des victimes, de leurs proches, et de tous ceux qui ont été témoins de l’évènement. Pourtant, nous avons tout intérêt à compatir également avec le tueur, malgré la monstruosité de son crime. D’une part car il témoigne que personne n’a pu lui offrir son aide. D’autre part, pour faire comprendre à ceux susceptibles de suivre son exemple qu’il s’agissait non pas d’un super héros en quête de vengeance, mais d’un homme malheureux et en échec, qui aurait pu avoir une vie meilleure.»