Plenković, un vent nouveau en Croatie ?
En Croatie, le Parlement a confirmé Andrej Plenković, chef de file du parti conservateur HDZ, au poste de nouveau Premier ministre. Le HDZ a formé une coalition gouvernementale avec le nouveau parti libéral Most. Plenković a indiqué vouloir renforcer la stabilité politique, la croissance et l'Etat de droit en Croatie. Pourra-t-il tenir ses promesses ? Rien n'est moins sûr, jugent les éditorialistes.
Il ne faut pas promettre monts et merveilles
Plenković doit maintenant honorer ses promesses de campagne, ce qui ne sera pas simple, prévient Delo :
«Beaucoup de travail l'attend, lui et ses 19 ministres. Plenković et son équipe doivent se pencher sur la corruption, sur certains projets ratés et sur les dettes, qui grèvent le budget de l'Etat. ... L'année prochaine seulement, la Croatie devra rembourser plus de trois milliards d'euros de dettes amassées. Au final, tout ce qui a été évoqué précédemment et le mécontentement accumulé des citoyens ne représentent qu'une partie des inconvénients qui attendent Plenković et son équipe. ... Il semblerait que le nouveau gouvernement croate ne soit pas suffisamment conscient du fardeau qu'il entreprend de porter, en promettant autant aux citoyens. Des attentes disproportionnées peuvent facilement laisser place à une désillusion.»
Des objectifs légitimes, un cap erroné
Les objectifs que définit Plenković dans son programme sont justifiés, mais il mise sur les mauvais moyens pour y parvenir, prévient Novi list :
«C'est une bonne chose que dans son programme, le nouveau gouvernement table sur la stabilité de la croissance, la création d'emplois et le renforcement de la solidarité sociale. C'est la seule façon d'améliorer les conditions de vie et d'empêcher le départ des jeunes à l'étranger. Mais il entend arriver à ses fin à l'aide de mesures qui n'ont pas prouvé leur efficacité jusque-là. On évoque par exemple encore la consolidation budgétaire et les réformes fiscales, censées réduire les coûts sur le marché du travail. Au cours des dernières décennies, cette méthode néolibérale a mis l'économie et les peuples au service du capital international - en Croatie, dans l'UE et en Amérique. C'est justement la raison pour laquelle il existe aujourd'hui des personnages comme Donald Trump et des démocraties antilibérales comme la Pologne et la Hongrie.»
Un homme capable de transformer le HDZ
Plenković est d’ores et déjà le politique le plus populaire du pays. Delo a la conviction qu’il saura transformer son parti :
«Il faut prendre très au sérieux l’intention de Plenković de transformer la politique du parti - un parti hier encore étroitement lié à l’extrême droite et qui devait ses succès à la fuite dans le passé. De plus, il a réussi à convaincre une grande partie des membres que le HDZ devait devenir un parti chrétien-démocrate européen moderne, et renoncer à être un parti aigri, tourné vers le passé et acoquiné avec l'extrême droite. Enfin, Plenković n’est pas hanté par l’ombre de la corruption, du clientélisme et d’autres errements qui ont causé beaucoup de tort à ses prédécesseurs au sein de la formation.»
Plenković devra calmer la droite ultraconservatrice
Večernji list doute que les choses prennent un cours différent avec Plenković :
«Il dispose d'une marge de manœuvre suffisante pour composer un gouvernement qui sera acceptable pour la majorité des citoyens croates, mais qui satisfera aussi ceux qui ont contribué à le faire élire : les électeurs de la droite dure. En toute logique, la majorité des ministres suivront sa ligne politique, celle du centre-droit modéré. Mais il serait fatal qu'il néglige l'extrême droite, car celle-ci joue un rôle majeur, au sein du HDZ comme de l'électorat. L'ultradroite se montre par ailleurs compréhensive, elle n'exige pas de Plenković qu'il maintienne en poste l'actuel ministre de la Culture, Zlatko Hasanbegović. Mais elle réclame toutefois la nomination de certains ministres qui défendent clairement les points de vue droitiers et conservateurs.»