Le FBI influe-t-il sur la campagne électorale américaine ?
Le FBI a décidé de rouvrir l'enquête dans l'affaire des e-mails de Hillary Clinton, mettant la candidate démocrate en difficulté dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle. Si certains commentateurs déplorent la 'vanité' du directeur du FBI, d'autres s'alarment de ce que les partis s'en prennent aussi vertement à la justice.
La vanité morale de James Comey
En annonçant la reprise de l'enquête contre Clinton dans l'affaire des e-mails, le directeur du FBI a agi de façon prématurée et pour des motifs douteux, écrit The Irish Examiner :
«L'attitude de Comey a montré aux observateurs de tous bords qu'un haut-fonctionnaire imbu de lui-même et en proie à la vanité morale pouvait faire des ravages. ... Maintenant que le directeur du FBI a bravé les deux partis, en s'attachant à leur prouver sa méticulosité et son impartialité, il serait peut-être temps de faire à nouveau preuve de bon sens. De revenir par exemple à une répartition plus traditionnelle des responsabilités, dans laquelle le procureur décide d'engager des poursuites une fois que les enquêteurs lui ont transmis les résultats de leur investigation. Ce procureur, comme cela se fait généralement, décide alors soit de formuler l'accusation, soit de la boucler, en s'abstenant de faire des conférences de presse ou de se justifier publiquement.»
Les partis ne respectent pas la justice américaine
Les deux grands partis ne reconnaissent plus l'autorité du FBI, constate avec inquiétude le quotidien Neue Zürcher Zeitung :
«Lorsque Comey avait annoncé que l'erreur de Clinton ne pouvait faire l'objet de poursuites pénales, les démocrates avaient fait part de leur soulagement et salué l'indépendance du directeur du FBI. ... Mais maintenant que celui a décidé de rouvrir l'enquête, les républicains louent son action et les démocrates le conspuent. ... Comey a-t-il choisi la bonne façon de sortir de l'impasse ? Aurait-il mieux fait d'écouter le conseil de ses supérieurs et de ses collègues, et jouer la montre ? Ces interrogations sont légitimes. Mais en tirant à boulets rouges sur l'autorité judiciaire dès que les décisions de celle-ci remettent en cause les stratégies électorales respectives, les deux grands partis sapent durablement l'image de la justice américaine. La véritable mauvaise surprise de cet automne électoral, c'est de voir la facilité avec laquelle ces attaques sont commises.»
La victoire de Clinton reste assurée
La reprise de l'enquête par le FBI ne remet pas en cause les chances de Clinton, affirme Kainuun Sanomat :
«Le rebondissement de l'affaire des e-mails dans la dernière ligne droite de la présidentielle pourrait donner la victoire à Trump en Floride et au Texas, Etats où le duel a été jusque-là plus serré que prévu. A un moment donné, on s'est même demandé si le Texas, traditionnellement républicain, pouvait cette-fois ci revenir aux démocrates. ... Mais pour remporter la présidence, Trump devra s'imposer dans tous les 'swing-states', ces Etats où les deux grands partis sont généralement au coude à coude. Si cela se produisait, et si Clinton perdait également dans d'autres Etats, alors Trump pourrait l'emporter. Mais pour les bookmakers, une victoire de Clinton reste certaine, tandis que Trump aurait 33 pour cent de chance de gagner.»
Pour la démocrate, l'horizon s'assombrit
L'affaire des e-mails pourrait avoir de graves conséquences pour Hillary Clinton, et ce au-delà de l'actuelle campagne électorale, analyse Le Point :
«Jusqu'à présent, Hillary Clinton a réussi à louvoyer, à faire des aveux pas trop compromettants, à accuser son adversaire et ses 'complices' russes de recourir à des procédés indignes pour la mettre en accusation. Mais s'il ne reste plus que dix jours avant l'élection, la candidate démocrate n'est pas à l'abri d'une révélation accablante qui ruinerait son système de défense et rebattrait les cartes. Et surtout, même si elle est élue, le Congrès, sauf s'il basculait complètement dans son camp – hypothèse peu probable –, va lui pourrir la vie pendant des mois, sinon des années.»
Une nouvelle enquête est inévitable
Le directeur du FBI James Comey n'avait pas d'autre choix que d'ouvrir une nouvelle enquête contre Clinton, selon Sme :
«L'enquête explosive, qui avait été close cet été, vient de rebondir de façon surprenante. De nombreux démocrates accusent James Comey d'agir de manière irresponsable et de faire le jeu de Trump. Comey n'avait pourtant pas vraiment le choix. ... S'il n'avait rien fait, et s'il s'était avéré par la suite que Clinton avait enfreint la loi, la police aurait été contrainte d'ouvrir une enquête contre la présidente. Il aurait alors été sommé d'expliquer pourquoi il n'avait rien dit à l'opinion publique quand il était encore temps. ... Comey devra peut-être quitter son poste, surtout si Trump perd. Mais il n'a pas fait d'erreur.»
Clinton est en faute, pas le FBI
Les négligences de Hillary Clinton dans l'affaire des e-mails pourraient lui être fatales, commente Tages-Anzeiger :
«Quoi qu'il en soit, James Comey n'est pas le principal responsable ; ce sont Hillary Clinton et sa proche collaboratrice Huma Abedin qui sont en faute. ... L'été dernier, le FBI avait critiqué 'l'extrême négligence' de Clinton dans la gestion des courriels. On peut en dire de même d'Abedin. Elle avait sauvegardé ces messages sur un ordinateur portable auquel avait aussi accès son mari, Anthony Weiner. Après leur séparation, l'appareil est resté entre les mains de l'ex-député démocrate, aujourd'hui visé par une enquête pour l'envoi de messages obscènes à une mineure. Le comble, c'est qu'Abedin a affirmé hier qu'elle ignorait comment les e-mails avaient bien pu se retrouver sur l'ordinateur portable.»
Une campagne de plus en plus déplorable
En relançant l'enquête visant la candidate Hillary Clinton, le directeur du FBI James Comey provoque beaucoup de dégâts, déplore The Daily Telegraph :
«Comey ne voulait pas être mis au pilori par une opinion publique à tel point marquée par le conspirationnisme que plus rien ne semble sacré. ... Le FBI est tombé dans le piège qui consiste à croire que ces forces subversives peuvent être domptées par la raison et l'intégrité. En réalité, la reconnaissance de la paranoïa au niveau institutionnel produit l'effet inverse. Le partisan des théories du complot y voit la preuve qu'il avait raison dès le départ : le FBI mentait et a dû l'admettre ! Cela nuit à Clinton, mais cela nuit aussi aux institutions garantes du fonctionnement démocratique. L'indigence du débat des deux côtés rendra les Etats-Unis véritablement ingouvernables - quel que soit le vainqueur.»
Pour Trump, la Maison-Blanche à portée de main
Les chances de Donald Trump de remporter le scrutin n'avaient jamais été aussi élevées qu'aujourd'hui, assure Huffington Post Italia :
«Après deux semaines noires consécutives au scandale des propos sexistes, Trump semble avoir surmonté le plus dur. La reprise de l'enquête du FBI contre Hillary Clinton pourrait donner au milliardaire new-yorkais l'impulsion finale, susceptible de faire pencher la campagne en sa faveur. Sur les réseaux sociaux, la capacité d'entraînement de Trump semble bien supérieure à celle de Hillary, ce qui n'est pas négligeable. ... D'ici au 8 novembre, on assistera à une lutte impitoyable, à une véritable guerre. Si Trump parvient à éviter tout nouveau faux-pas, ses chances de devenir président augmenteront sensiblement. Pour Trump, la Maison-Blanche est plus que jamais à portée de main.»
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