Vers une guerre commerciale mondiale ?
En raison de la résistance des Etats-Unis, les ministres des Finances des pays du G20 ne sont pas parvenus à s'entendre sur la défense du libre-échange et la condamnation du protectionnisme. Au sommet de Baden-Baden, le secrétaire du trésor américain Steven Mnuchin a fait valoir la ligne du président Donald Trump. Le conflit peut-il dégénérer en guerre commerciale ? Ceci dépendra de la réaction des autres Etats membres du G20, notamment de l'Allemagne, affirment les éditorialistes.
Attendre et éviter de répondre aux provocations
Au lieu de chercher la confrontation avec Washington, les autres Etats du G20 devraient attendre de voir si certains problèmes ne se résolvent pas d’eux-mêmes, préconise The Financial Times :
«Le projet de taxe sur les importations américaines, par exemple, qui avait alarmé les gouvernements étrangers, est déjà fortement remis en cause à la Maison-Blanche, au Congrès - sans la moindre immixtion extérieure. Des incidents comme le communiqué final du G20 doivent inciter les autres pays à la vigilance. Mais ceux-ci seraient bien avisés de ne pas se tromper de bataille et de voir ce qui ressort de l’administration Trump avant de s’engager dans ce qui pourrait bien être une campagne longue et éprouvante pour préserver l’ouverture du système commercial mondial.»
Réduire l'excédent commercial allemand
La capacité de l'Europe à braver l'isolationnisme américain dépendra surtout de l'Allemagne, souligne Le Monde :
«L’excédent extérieur allemand – mais aussi japonais et chinois - est excessif : 270 milliards d’euros, soit 8,5 pour cent de son produit intérieur brut. Les Allemands sont sourds à ce reproche depuis des années. Leur surplus a été accentué par la politique de la Banque centrale européenne (BCE) qui, visant à relancer l’économie européenne, a fait baisser l’euro. Le soutien à la croissance demeure la priorité, y compris pour les Américains. … Les Allemands doivent s’attaquer avec sérieux à leurs déséquilibres macroéconomiques - en augmentant leurs salaires et réinvestissant leurs excédents chez leurs partenaires, ce qui est, reconnaissons-le, délicat à entreprendre. Mais c’est décisif pour contrer, avec les Européens, le tropisme isolationniste de l’Amérique et remettre à l’ordre du jour la défense du commerce mondial.»
'America First' face à l'ordre établi
Le G20 est la première victime du nationalisme économique de Donald Trump, constate La Repubblica :
«On voit clairement ce dont ne veut pas cette Amérique. Et ce qui constitue l'essence même du trumpisme, sa partie non négociable : le nationalisme économique. Nombreux sont ceux qui avaient espéré que Steven Mnuchin serait davantage un banquier qu'un politique. Mais ce n'est pas le cas. Sa loyauté au président est inébranlable. Le message que le ministre des Finances a délivré en Allemagne est identique à celui que Trump avait donné à Merkel quelques heures plus tôt : vous nous avez grugés, c'est nous maintenant qui décidons des règles du jeu. 'America First', le slogan du nationalisme trumpien, est inconciliable avec le multilatéralisme du G20 et la 'gouvernance mondiale' ? Alors au diable le G20 et la gouvernance mondiale.»
Le vent glacé venu des Etats-Unis
Pour la première fois, le communiqué final du G20 ne condamne pas le protectionnisme et c'est un mauvais présage, commente NRC Handelsblad :
«Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des autres pays du G20 sentent le vent nouveau qui souffle de Washington - un vent glacé. … L'Allemagne, pays hôte du G20, a été confrontée pour la deuxième fois du week-end à l'hostilité de la nouvelle administration américaine. La rencontre entre la chancelière allemande et Donald Trump vendredi avait déjà été très désagréable. Dans la vision binaire de Trump, où le profit des uns est lié aux pertes des autres, l'Allemagne est en faute avec son fort excédent commercial. La question est désormais de savoir si le gouvernement Trump en restera aux mots - ou à l'absence de mots.»