Ukraine : l'exemption de visa est-elle prématurée ?
Dès l'été 2017, les Ukrainiens pourraient se rendre dans l'UE sans devoir faire une demande de visa. Cette décision adoptée jeudi par le Parlement européen doit encore être avalisée par les Etats membres. Si certains commentateurs s'interrogent sur la maturité du pays, d'autres rappellent que l'UE peut à tout moment faire machine-arrière.
Une stabilité toute théorique
Diena doute que l’Ukraine remplisse les conditions pour un assouplissement du régime des visas :
«Les poignées de main officielles ont beau confirmer d'importantes avancées au niveau des réformes des structures de l'Etat et dans la lutte contre la corruption, en coulisses, en n’en pointe pas moins que la lutte anticorruption a de nombreux ratés, même au niveau le plus élevé. La présence persistante des séparatistes en Ukraine orientale continue d’influencer le fonctionnement du pays. Et l’étendue de la corruption fait l’objet d’évaluations différentes. C’est pourquoi les passeports biométriques risquent d’être réservés aux personnes qui n’en ont pas besoin. Et ceux qui méritent ces passeports ne les obtiendront pas.»
Une confiance doublée de prudence
Le quotidien Die Welt explique l’enjeu de l’exonération de visa pour les Ukrainiens :
«Si les voyages et la liberté de déplacement sont devenus pour les Occidentaux un droit assimilable à un droit humain (il suffit de penser à 1989), pour ces habitants des PECO en revanche, il s’agit d’un signe d’appartenance à l’Europe, sentiment particulièrement fort chez la jeune génération du pays. ... Compte tenu des temps difficiles et de la crise migratoire massive et inquiétante que traverse l’Europe, l’UE a dû, par la force des choses, assortir la mesure d’un frein. En cas d’abus flagrant de cette liberté de voyager – sous la forme de travail au noir ou de séjours dans l'illégalité – l’UE se réserve le droit de suspendre la mesure. On n’en arrivera pas nécessairement là. Les Ukrainiens y veilleront bien.»