Les ultraconservateurs roumains à l'offensive
En Roumanie, la "Coalition pour la famille", une alliance d'ONG conservatrices, fait pression sur le gouvernement. Après avoir réuni trois millions de signatures contre l'adoption éventuelle du mariage homosexuel, elle demande désormais un durcissement des lois encadrant l'IVG. Un mouvement qui rappelle les heures les plus sombres de l'histoire du pays, déplorent les éditorialistes.
N'avons-nous tiré aucune leçon du passé ?
La suppression des aides financières destinées aux IVG et à la contraception pourrait s’avérer désastreuse, et ce notamment pour les jeunes Roumaines défavorisées, s’indigne la journaliste Ramona Ursu dans Revista 22 :
«Les plus démunies ont deux possibilités. Mettre au monde un enfant non voulu et l’abandonner - une expérience traumatique pour les parents et surtout pour l’enfant. Ou bien recourir aux méthodes d’avortement les plus barbares et les plus dangereuses, comme au temps du communisme. … Nous n’avons tiré aucun enseignement du sort réservé aux milliers de femmes qui, jusqu’à la fin des années 1980, ont perdu la vie en tentant de pratiquer des IVG clandestines. Nous n’avons tiré aucune leçon de la tragédie des orphelinats, qui renfermaient des dizaines voire des centaines de milliers d’enfants.»
Une campagne funeste contre les homosexuels
Avec la "Coalition pour la famille" mise sur pied par les ultraconservateurs, l’homophobie semble être redevenue acceptable en Roumanie, observe le professeur de philosophie Mihai Maci sur son blog hébergé par le site Contributors :
«Celui dont l’orientation sexuelle diffère de celle de la majorité est devenu 'l'étranger' par excellence. Il est saisissant de voir que le 'gay' revêt (presque) les mêmes caractéristiques que le juif dans les années 1930 : il nous ressemble, il est donc difficile de le distinguer et il est dès lors omniprésent. Sa spécificité 'génétique' fait de lui un 'mutant'. Il est radicalement différent, totalement 'perverti', corrompu et corrupteur, et susceptible de détruire 'l’unité granitique' de notre peuple. … N’est-ce pas là le lexique employé jadis pour désigner l'être humain pour qui les chambres à gaz ont constitué le degré ultime de la vindicte populaire ?»