L'Ukraine a-t-elle évolué depuis le mouvement Maïdan ?
Le 1er septembre 2017, l'accord d'association entre l'UE et l'Ukraine est entré en vigueur. A l'automne 2013, le refus opposé par le dirigeant de l'époque Viktor Ianoukovitch de signer le document avait entraîné les manifestations de Maïdan et la chute du dirigeant autocratique. Les commentateurs se demandent si depuis, la société ukrainienne a connu une transformation positive.
Good Bye, Lénine !
Ces trois dernières années et demie, la mentalité des Ukrainiens a considérablement évolué, se réjouit le politologue Vytautas Keršanskas sur le portail Lrt :
«Nous constatons que la population se désintéresse du legs culturel et mental soviétique, se sentant davantage attirée par l'espace national ukrainien et par l'Europe de l'Ouest. Tandis que les Russes considèrent Staline comme la figure phare de l'histoire, les Ukrainiens s'engagent dans la voie de la 'désoviétisation'. ... Bien qu'un quart des Ukrainiens aient encore un avis positif sur Lénine, tous les autres crient haut et fort : 'Ciao, Vladimir Illitch !' C'est le changement central qui oriente l'Ukraine dans la bonne voie - en dépit d'une situation sociale et économique compliquée et de la lenteur des réformes du gouvernement, qui reste gangrené par la corruption.»
Corruption et déclin des libertés
Trois ans et demi après la chute de Viktor Ianoukovitch, rien n'a changé en Ukraine, déplore le politologue Mikhaïl Minakov dans le Monde :
«Le système politique et socio-économique semble s'être maintenu. La 'révolution de la dignité' a abouti à une corruption éhontée, à un nationalisme militant et au déclin des libertés. ... Le grand vainqueur est de loin le clan du président Porochenko. En 2016, il réussit à consolider le pouvoir en plaçant ses alliés aux plus hautes fonctions. Par conséquent, l'exécutif, le législatif et le judiciaire sont en grande partie contrôlés par un seul clan. Les voix critiques de la société civile sont devenues les proies d'un autocrate émergent : aujourd'hui, en Ukraine, une nouvelle génération de dissidents est persécutée par le président et ses proches.»