Brexit : May cherche-t-elle à gagner du temps ?
Dans un discours prononcé à Florence, la Première ministre britannique Theresa May a proposé l'instauration d'une période de transition de deux ans à l’issue du Brexit. Pendant cette période, le Royaume-Uni pourrait continuer à honorer ses engagements financiers envers l’UE. May s'ouvre enfin au compromis, saluent certains commentateurs, tandis que d’autres regrettent son silence sur des questions cruciales.
Enfin ouverte au compromis
La cheffe du gouvernement britannique a fait comprendre qu'elle était prête à des concessions sur une série de sujets litigieux, salue The Irish Times :
«L'objectif de May consistait à offrir juste le minimum nécessaire pour relancer les négociations - enlisées depuis des mois avant même d'avoir abordé les enjeux les plus difficiles. May a montré qu'elle était prête à faire des compromis quant à la facture du divorce et a fait comprendre que les décisions de juridictions britanniques concernant des ressortissants de l'UE pourraient continuer de prendre compte de la jurisprudence de la Cour européenne de la justice. Ces concessions pourraient suffire dans un premier temps. ... Le discours de May ne suffira cependant pas à lui seul à modifier la dynamique des négociations sur le Brexit. Mais s'il permettait d'empêcher un arrêt des échanges et de préparer l'opinion publique britannique à des concessions à venir, il aurait rendu un précieux service.»
La Première ministre reste dans le flou
Même si Theresa May a lâché du lest, ces concessions restent trop évasives, commente Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«Car la Première ministre n’annonce toujours pas de projets concrets. Les Britanniques prendront-ils en charge leur part d'engagements dus à l'Union, accumulés depuis des années ? S'acquitteront-ils de la prévoyance vieillesse de ces fonctionnaires européens qui ont 'fait cadeau' aux Britanniques de toutes ces 'normes élevées' ? Garantiront-ils qu’une fois le Brexit consommé, les droits des ressortissants européens ne seront pas rabotés par des lois britanniques ? Et comment concilier une île irlandaise sans frontières avec une sortie britannique de l’union douanière ? Tant que ces questions n'auront pas été réglées, il est inutile de parler de partenariat futur.»