Le milliardaire George Soros toujours dans le collimateur d'Orbán
Suite à une campagne d’affichage nationale lancée cet été à l’encontre du milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, le gouvernement hongrois remonte à la charge en organisant une consultation populaire relative à des prétendus projets de Soros qui mettraient en péril la civilisation et la société hongroises. Des commentateurs hongrois appellent l'opposition à agir.
L'opposition doit faire barrage au Fidesz
Si l'opposition ne parvient pas enfin à mettre le holà à Orbán, la Hongrie aura devant elle un avenir bien sombre, met en garde Népszava :
«Si le parti au pouvoir du Fidesz restait aux manettes l’an prochain, il ne se gênera pas pour achever le travail qu’il a commencé. ... Si l’opposition démocratique pro-européenne ne réussit pas à former une unité capable de gouverner et de tenir tête au Fidesz et aux innombrables manipulations dont il se rend coupable, le régime actuel mettra à exécution ses projets les plus fous. Autrement dit, alors que le régime Orbán pourrait s'épanouir sur le modèle des autocraties orientales, le pays courrait à sa perte et succomberait à une idéologie dictatoriale.»
Toute critique est taxée de traîtrise
Le commissaire européen Tibor Navracsics, pourtant proche du gouvernement, a lui aussi laissé entendre que la campagne de dénigrement contre George Soros était déconnectée des réalités, pointe Magyar Nemzet :
«Invoquant le péril de l'immigration, la campagne hystérique menée par le gouvernement ne connaît pas de limites. Orbán et son gouvernement ont réussi à détourner l'attention des véritables problèmes du vivre ensemble quotidien et à tuer dans l’œuf tout débat rationnel. ... Le commissaire européen Tibor Navracsics vient de se faire remonter les bretelles pour avoir eu le toupet de dire qu'indépendamment du référendum et de la campagne du gouvernement, il n'a pas encore pu constater que Soros tirait les ficelles dans les coulisses de Bruxelles. Suite à quoi Zsolt Semjén, le bras droit d'Orbán, s’est vu obligé de lui rappeler en des termes assez vifs son devoir de loyauté envers la patrie.»
Une fâcheuse campagne de propagande contre Soros
Au lieu de promouvoir un débat rationnel sur l'immigration, le gouvernement Orbán diffuse une image déformée de la réalité en attisant la peur et la haine, déplore Magyar Nemzet :
«La propagande qui véhicule la peur et la haine bat son plein. Même ceux qui avaient réussi à s'y soustraire jusqu'ici ne peuvent plus s'en protéger car elle arrive chez eux par lettre. On ne connaît que trop la recette : emparez-vous d'une poignée de vérités partielles, dans notre cas des phrases sorties de la bouche de Soros arrachées à leur contexte, faussez-en le sens et, très important, répétez-les en boucle à l'infini. C'est la garantie qu'elles restent ancrées dans les esprits. ... Le pire dans cette histoire est que la propagande agressive anéantit tout discours rationnel sur un problème réel et épineux.»
Du dénigrement pur et simple
Soros sert d'épouvantail au Fidesz, le parti au pouvoir en Hongrie, pour étayer sa propagande mensongère, fulmine 168 óra :
«La grande majorité des questions sont grossièrement mensongères. Par exemple affirmer que Soros préconise de démonter les clôtures frontalières pour laisser la voie libre aux réfugiés. En réalité, Soros s'engage en faveur d'une protection renforcée des frontières. Dans une autre question, on peut lire que Soros veut faire passer en force une répartition des réfugiés. Il est pourtant notoire que Soros a pris position contre les quotas de répartition. Ce texte de propagande qui se donne des airs de questionnaire suggère même la vision apocalyptique d'un Soros désireux de provoquer la chute de la civilisation européenne. … Le seul objectif poursuivi par la propagande du gouvernement, c'est de diaboliser Soros. Et pour ce faire, elle se passe du Soros tel qu'il existe réellement. Elle se contente du fantôme qu'elle a créé de toutes pièces.»