Quel sera l'impact des élections autrichiennes sur l'Europe ?
Deux jours après le scrutin en Autriche, les journalistes sont nombreux à en évaluer le résultat à l'aune du contexte européen. Certains affirment que les thèmes européens auront une influence déterminante sur la formation du gouvernement. D'autres redoutent qu'avec Kurz à la chancellerie, l'Autriche ne fasse obstacle à une refonte de l'UE.
Le FPÖ peut-il devenir pro-européen ?
La politique européenne sera un test pour Kurz dès les négociations de coalition, selon Der Standard :
«Le président Alexander Van der Bellen, ainsi que le chef de la Commission Jean Claude Juncker, ont appelé de leurs vœux un gouvernement pro-européen. Un souhait auquel n'est pas insensible le jeune trentenaire, qui veut devenir un Premier ministre en vue en Autriche et en Europe. Kurz devra donc contraindre le FPÖ à prendre parti pour l'Europe - comme en 2000 - et obtenir son départ du groupe parlementaire de Le Pen. Il peut sinon envisager une coalition avec le SPÖ. En dernier recours, si rien ne marche, il peut aussi former un gouvernement minoritaire - du moins jusqu'à la fin de la présidence autrichienne de l'UE, en 2018. »
Un frein à Macron
Le virage à droite en Autriche ne facilitera guère la mise en œuvre des projets de relance de l'UE envisagés par Merkel et Macron, lit-on dans Jyllands-Posten :
«Avec l'affaiblissement d'Angela Merkel à Berlin - la défaite de la CDU en Basse-Saxe ne faisant qu'empirer les choses, il est peu probable que le nouveau moteur franco-allemand de l'UE soit aussi puissant que Macron l'avait prévu. Le tour que prennent les choses à Vienne confirme ce développement. L'Autriche dirigée par Kurz aura une oreille attentive pour la Hongrie et la Pologne, qui s'insurgent contre Bruxelles. Après l'immigration, l'euroscepticisme a été un thème porteur de la campagne. Macron est tel un ballon de baudruche qui se dégonfle lentement.»
L'Autriche n'a rien à voir avec les Etats de Visegrád
Dans son éditorial de lundi, le quotidien polonais Rzeczpospolita estimait que l'Autriche pourrait rejoindre le groupe de Visegrád. Une affirmation que récuse Neue Zürcher Zeitung :
«[Kurz appelle] seulement à mettre le holà à l'immigration clandestine. ... Par le passé, Kurz a déclaré que l'Autriche devait accueillir des réfugiés dans le cadre du programme de réinstallation, et évoqué jusqu'à 15 000 personnes par an. L'ÖVP a également toujours été favorable au système des quotas de réfugiés en Europe. ... A la différence des Etats du groupe de Visegrád, l'Autriche n'est pas membre de l'OTAN, elle est opposée au nucléaire et souhaite plutôt restreindre la liberté de circulation des personnes - Vienne est par ailleurs en conflit avec les PECO sur ce dernier point. Kurz, comme le chef de file du FPÖ Heinz-Christian Strache, a été critique vis-à-vis de l'UE lors de la campagne et réclamé moins de centralisme. Kurz s'est néanmoins toujours présenté en Européen convaincu qui a grandi avec l'UE et qui rejette l'apparition de frontières au cœur de l'Union.»
Le nouvel intermédiaire entre l'Est et l'Ouest
Ziare pointe les nouvelles possibilités diplomatiques qu'ouvre l'issue de ce scrutin :
«L'élection de Sebastian Kurz confère à la diplomatie autrichienne le rôle d'arbitre entre les anciens Etats communistes à l'Est et les pays occidentaux. Un rôle que la coalition gauche-conservateurs a négligé au cours de la dernière décennie. Ce qui n'a pas tardé à engendrer des tensions. ... En début d'année, personne ne croyait que les électeurs accorderaient une seconde chance aux partis traditionnels. Réformés et revigorés par la relève, ils ont obtenu de bons résultats, au détriment de l'extrême droite.»