Conflit entre l'Arabie saoudite et l'Iran
Le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salmane, a accusé l'Iran d'avoir mené une "agression militaire directe" contre son pays. D'après les médias, il aurait affirmé au ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, que Téhéran a fourni des missiles aux rebelles Houthis au Yémen. Les observateurs redoutent une escalade du conflit entre Saoudiens et Iraniens.
Grâce au pétrole, le prince héritier est inattaquable
Si la planète ne réagit pas à la guerre au Yémen, c'est en raison des énormes réserves pétrolières saoudiennes, souligne Keskisuomalainen :
«Le blocus imposé au Qatar et l'immixtion dans la guerre civile yéménite passent pour être de grands projets du prince héritier. Les bombardements saoudiens au Yémen, qui durent depuis trois ans maintenant, ont été condamnés pour leur brutalité extrême. Des millions de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile et le choléra fait rage dans un pays dévasté par la famine. La crise humanitaire est l'une des pires de l'histoire contemporaine. Mais malgré tout cela, les Saoudiens peuvent sévir en toute impunité dans le pays voisin - ils n'ont pas à redouter de vague d'indignation, encore moins d'éventuelles sanctions - car ils disposent des plus grandes réserves de pétrole de la planète.»
La guerre pourrait dépasser les frontières du Yémen
La guerre au Yémen vient d'entrer dans une nouvelle phase plus dangereuse encore, commente Der Standard :
«Pour la quatrième fois au moins depuis le début de l'année, un missile longue portée a été tiré sur le territoire saoudien depuis le Yémen voisin : le dernier en date, intercepté en fin de semaine dernière au dessus de l'aéroport de la capitale, Riyad, montre que les rebelles yéménites peuvent maintenant frapper des cibles précises. Ceci accroît fortement le risque d'escalade régional. Car les Saoudiens - et ils ne sont pas les seuls - estiment que les rebelles, même s'ils comptent à leurs côtés trois brigades d'artillerie de l'armée yéménite, n'étaient pas en mesure de réaliser seuls ce bond technologique. Or les faucons iraniens se réjouissent de cette frappe et font de Dubaï [la capitale émiratie] la prochaine cible potentielle ; à croire qu'ils cherchent à pousser les Etats du Golfe à rappeler à l'ordre l'Iran.»
Washington se sert de Riyad pour menacer Téhéran
Le conflit irano-saoudien est attisé à dessein par les Etats-Unis, peut-on lire dans Daily Sabah :
«La précédente administration américaine n'avait pas seulement avalisé la politique expansionniste iranienne, elle l'avait même secrètement soutenue afin de mettre à mal l'hégémonie saoudienne et générer de nouveaux équilibres au Proche-Orient. Bien entendu, l'objectif principal était de créer un environnement propice au déclenchement d'un conflit entre chiites et sunnites. Malheureusement, la nouvelle administration n'a pas renoncé à cette stratégie. Ne nous laissons pas aveugler par les récents propos de Donald Trump, qui a qualifié l'Iran de menace numéro un dans la région et accusé son prédécesseur, Barack Obama, d'avoir lâché la bride à l'Iran. ... L'administration Trump cherche elle aussi à provoquer un conflit chiites/sunnites. Elle s'emploie donc à instrumentaliser l'Arabie saoudite, afin de s'en prendre à l'Iran par le truchement de celle-ci.»