L'UE adopte une "liste noire" de paradis fiscaux
L'UE a validé une "liste noire" afin d'augmenter la pression sur les paradis fiscaux. Alors que celle-ci met à l'index 17 Etats dont la Corée du Sud, Panama ou les Emirats arabes unis, accusés de ne pas faire suffisamment pour combattre l'évasion fiscale, les paradis fiscaux membres de l'UE, tels que l'Irlande, les Pays-Bas ou le Luxembourg, n'y figurent pas. Aucune sanction n'est envisagée dans un premier temps. La liste peut-elle tout de même être efficace ?
On va dans le bon sens
Bien que la mesure ait été prise à contrecœur, la liste semble être efficace, pense Handelsblatt :
«On a du mal à comprendre que des pays pratiquant un taux d'impôt sur les sociétés de zéro n'atterrissent pas automatiquement sur la liste noire. L'UE ne veut pas non plus chercher noise aux Etats-Unis - bien que les autorités fiscales américaines refusent de coopérer avec le fisc européen. On cherchera en vain sur la liste noire des paradis fiscaux comme Guernsey, les Bahamas ou Andorre. Mais la menace même de placer ces pays sur la liste ultérieurement s'est avérée efficace : 47 Etats contactés par la Commission européenne se sont dits disposés à coopérer avec le fisc européen et à modifier partiellement leur législation fiscale. L'UE progresse dans sa lutte contre l'évasion fiscale, même si elle avance à pas de fourmis.»
Que l'UE commence par balayer devant sa porte
Les Etats européens doivent se mesurer eux-même à l'aune de leurs propres exigences, tonne le rédacteur en chef de Libération, Laurent Joffrin :
«Il faudrait aussi donner soi-même l'exemple. En ne citant ni Malte, ni Jersey, ni Guernesey, ni l'Irlande ni les Pays-Bas, les Européens ont endossé le costume de Tartuffe. Ils ont prêché la bonne parole (c'est mieux que la mauvaise…), mais pour les autres. Salutaire, la liste n'est certainement pas à la hauteur du scandale déclenché par les révélations des Paradise Papers. Comme leur nom l'indique, ces paradis sont en fait des tigres de papier qui ne résisteraient pas à une action énergique. Encore faut-il le vouloir. Pour attendre encore, il n'y a que de mauvaises raisons.»
La stratégie de l'UE portera-t-elle ses fruits ?
L'efficacité des mesures prises par l'UE pour lutter contre l'évasion fiscale dépendra aussi de la pression que l'UE réussira à exercer sur d'autres pays, explique L'Echo :
«A côté des pays 'blacklistés', se dresse une volumineuse liste 'grise'. ... Quarante-sept pays se voient accorder le bénéfice du doute contre la promesse d'une collaboration. En attendant de voir si certains corrigent effectivement le tir, on peut déjà constater que parler d'une même voix aura permis aux Européens d'engager avec ces juridictions un dialogue dans lequel ils pèsent de tout leur poids. Mais si des résultats visibles ne sont pas rapidement engrangés, il faudra que l'Union passe à la vitesse supérieure, et déploie un véritable arsenal 'défensif' contre les pays prédateurs.»