Quel impact le sommet sur le climat de Macron peut-il avoir ?
Avec le One Planet Summit, le président français cherche à mobiliser pour le climat. Si l'on veut atteindre les objectifs climatiques décidés il y a deux ans à Paris lors de la COP21, il faut redoubler d'efforts, a déclaré Macron en présence de chefs d'Etats et d'investisseurs privés et institutionnels. La presse européenne est partagée entre scepticisme et enthousiasme.
Plus qu'un simple tapage médiatique ?
Neue Zürcher Zeitung pointe l'absence au sommet de Paris de beaucoup de dirigeants qui auraient le pouvoir de changer les choses :
«Reste à voir si le sommet One-Planet organisé par Macron avec beaucoup de tapage médiatique apportera davantage de résultats concrets, ou s'il n'aura été qu'une rencontre des volontaires déjà connus. Le fait que les chefs d'Etats et de gouvernement de pays importants comme l'Allemagne, la Chine ou l'Inde ne se soient pas donné le mal de se rendre à Paris, de même que l'absence du président Trump, qui n'était pas invité, éveille quelques soupçons. D'autant plus que si l'on veut réussir à imposer des prix élevés dans le commerce des émissions de CO2, il faut passer par des accords internationaux.»
Quand show rime avec efficacité
Si ce sommet est avant tout une opération de communication, celle-ci n'en est pas moins salutaire, souligne La Libre Belgique :
«C'était aussi 'the place to be' pour les entreprises et les chefs d'Etat qui, chacun, tenaient à annoncer leur engagement dans le domaine climatique. Des promesses aux impacts variés, il est vrai, mais avec un point commun : s'efforcer de réorienter l'outil de la finance, au service de la lutte contre le changement climatique. … Ce sommet était enfin un message spécial d'Emmanuel Macron à Donald Trump, lui montrant avec cette assemblée des 'plus motivés' à quel point le président américain était isolé sur la question du climat. Trois fois oui, ce sommet était donc bien une opération de communication. Mais néanmoins indispensable.»
Macron sait où se trouvent l'argent et l'influence
Macron a compris que dans la lutte contre le changement climatique, les bailleurs de fonds privés étaient plus importants que les chefs d'Etats réticents, se félicite La Repubblica :
«Si le président américain a brillé par son absence, l'Amérique n'était pas en manque de représentants à ce sommet. ... Sont venus de grandes stars comme Leonardo Di Caprio ou Sean Penn, mais surtout des donateurs comme Bill et Melinda Gates, qui ont promis 315 millions de dollars pour aider les agriculteurs africains à lutter contre le changement climatique. Les Gates sont les meilleurs ambassadeurs de la 'coalition philanthropique' de Macron. Le 'One Planet Summit' a été avant tout une vaste collecte de fonds au plus haut niveau pour avancer concrètement dans la lutte contre le réchauffement climatique. C'était l'objectif déclaré du jeune président, qui connaît bien le monde de la finance. Macron a réussi à débloquer les fonds requis pour essayer de tenir au moins une partie des promesses faites il y a deux ans.»
Seul le résultat compte
Si Macron n'est pas un écologiste de la première heure, il est cependant injuste de remettre en cause son sérieux, juge Die Welt :
«Les personnes les plus fraîchement converties sont souvent les prédicateurs les plus zélés. Il est certain que le jeune président français a choisi d'occuper un vide de pouvoir que personne d'autre ne semble disposé et apte à remplir. ... Macron dicte l'agenda, revendique le monopole de la juste interprétation et veut être le maître du jeu. Contrairement à la refondation de l'UE, la lutte contre le changement climatique est un thème porteur au niveau international. Proclamer la révolution verte de l'économie financière, afin que le tournant énergétique ne reste pas une vaine promesse, est caractéristique de Macron : il veut mettre les choses en mouvement. Et tant que le résultat est positif, la motivation et les motifs passent au second plan.»