Autriche : manifestation contre le gouvernement
Quelque 20.000 personnes sont descendues dans les rues de Vienne samedi pour manifester leur désapprobation du nouveau gouvernement ultra-conservateur. Ils reprochent à la coalition formée en décembre par les formations ÖVP (conservateurs) et FPÖ (extrême droite) des tendances racistes et néo-fascistes. Peu avant, le ministre de l'Intérieur FPÖ Herbert Kickl avait annoncé son intention de 'concentrer' les demandeurs d'asile dans des centres qui se chargeraient de leur prise en charge de base. Quel pourra être l'impact des manifestations ?
Kurz saura-t-il tenir la bride haute à l'extrême droite ?
Les Autrichiens sont inquiets que leur gouvernement ne glisse encore plus à droite, explique Tages-Anzeiger :
«Si les positions de l'ÖVP et du FPÖ sont quasi identiques en politique migratoire, sur un grand nombre d'autres dossiers en revanche, l'ÖVP pourrait très bientôt se trouver confronté à des positions farfelues du FPÖ. On verra alors si le jeune chancelier Kurz a la force de tracer une frontière - ou s'il laisse les populistes de droite mener la barre, comme il l'a fait sur la question migratoire. Il est vrai que la manifestation était le fait d'un petit nombre de groupes de taille réduite. Le SPÖ mais aussi de grandes organisations comme les syndicats restent encore majoritairement aux abris. Les intellectuels et les artistes sont eux aussi plutôt effacés. La contestation est toutefois portée par des représentants de presque tous les groupes de la population. On ressent une inquiétude croissante, y compris en Autriche.»
La balle est dans le camp de l'opposition
L'opposition doit gagner la faveur de l'homme de la rue, met en garde Der Standard :
«Une formation traditionnelle comme le SPÖ réussira-t-elle à prendre au sérieux, à envisager comme futurs électeurs et à représenter les citoyens qui ne postent pas des messages haineux mais bravent une météo froide et humide pour descendre dans la rue ? Ou le SPÖ va-t-il encore lorgner sur une coalition avec les corporations d'étudiants [proches du parti conservateur ÖVP] ? Il serait bon de potasser la question en temps voulu. Car il y a du vrai dans le message inscrit sur un immense ballon qui flottait au-dessus de la manifestation : 'Rien n'est éternel'. Cela vaut aussi pour cette coalition.»