Exit le Brexit ?
Donald Tusk, président du Conseil européen, et Jean-Claude Juncker, président de la Commission, ont fait savoir à Londres que la porte de l'UE restait ouverte, ravivant le débat sur la possibilité d'un second référendum. Si les Britanniques changeaient d'avis, nos cœurs resteraient ouverts au Royaume-Uni, a déclaré Donald Tusk devant le Parlement européen à Strasbourg - et Juncker d'abonder dans son sens. Il semblerait toutefois que Theresa May ait rejeté l'option d'un nouveau référendum.
Se battre jusqu'au bout pour les Britanniques
Donald Tusk et Jean-Claude Juncker profitent du débat actuel en Grande-Bretagne, portant sur un nouveau référendum, écrit Der Standard :
«Le duo Tusk/Juncker saisit la balle au bond, sur un mode très personnel pour le président du Conseil, qui s'adresse directement aux 65 millions de Britanniques depuis la séance plénière du Parlement européen. On peut faire deux lectures de ces déclarations. Soit les deux leaders agissent avec cynisme, pour augmenter la pression sur Theresa May. Soit ils espèrent malgré tout que la raison finira par s'imposer, que les citoyens de part et d'autre de la Manche reconnaîtront les effets assurés d'un Brexit - des perdants dans les deux camps, un affaiblissement, et qu'il ne faut jamais cesser de se battre pour les gens et pour les pays - comme lors des menaces de Grexit en 2015, au plus fort de la crise de l'euro. »
Nos concitoyens ont été floués
Etant donné que le Brexit tel que l'avaient promis les eurosceptiques est une chimère, les Britanniques doivent être à nouveau consultés, estime The New Statesman :
«On nous avait dit que si nous votions pour le Brexit, des centaines de millions de livres renfloueraient les caisses du système de santé. Il n'en a rien été et à la place, nous avons obtenu une conjoncture affaiblie, une facture de divorce d'au moins 35 millions de livres [environ 39 millions d'euros], un système de santé en crise et pas le moindre signe de budget plus confortable. … Face au constat de plus en plus évident que la vision du Brexit vendue aux Britanniques n'est pas réaliste, tout le monde est en droit de se demander si le pays suit la bonne voie, ou si au contraire, il se fourvoie.»
Une proposition hélas peu réaliste
Il serait certes préférable que les Britanniques restent au sein de l'UE, écrit aussi Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui soulève toutefois une question :
«Un revirement est-il réaliste ? Les électeurs britanniques semblent lentement comprendre la panade dans laquelle ils se trouvent ; les derniers sondages donnent une majorité pour un maintien dans l'UE. Or les conservateurs au pouvoir seront moyennement emballés de rallumer de plus belle le conflit interne sur l'appartenance à l'UE. Même un changement de gouvernement ne serait pas la garantie d'un renoncement au Brexit. Jusqu'ici, le chef de file du Labour Jeremy Corbyn ne s'est pas vraiment révélé être un Européen convaincu.»
La psychose des Anglais
The Irish Times étudie les causes du Brexit :
«L'UE a placé l'Angleterre devant le défi non pas de renoncer à une identité nationale, mais d'en acquérir une - d'abandonner les illusions incarnées par un Royaume-Uni qui n'a jamais été une nation, mais toujours un moyen de dissimuler la nature colonialiste des rapports de la Grande-Bretagne aux autres nations qui peuplent les îles britanniques. ... Il faudra attendre que l'Angleterre se dote de son propre Parlement, qui confère enfin au pays l'identité politique distincte qu'elle a évité pendant 300 ans, pour que se dissipe, au contact de la réalité, la mégalomanie qui a abouti au Brexit. Leur psychose une fois guérie, peut-être les Anglais feront-ils une nouvelle demande d'adhésion à l'UE. »