Discours sur l'état de la nation : Orbán en campagne
Envahi par les migrants et gouverné par des ignorants, l'Ouest est voué à la perdition : ce sont les arguments nationalistes et xénophobes qui formaient la trame du discours sur l'état de la nation tenu par le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. A la tête du Fidesz, qui réunit 50 pour cent des intentions de vote, le politique de 54 ans brigue un troisième mandat aux élections d'avril. Si une partie de la presse hongroise est dithyrambique, l'autre s'alarme de la dérive autocratique du système Orbán.
Fini le blabla européen
Sur le portail proche du pouvoir 888.hu, le chroniqueur László Bertha applaudit le discours du chef du gouvernement :
«Des succès économiques sans précédent, un gouvernement stable, la défense sans compromis des intérêts et des valeurs de la nation et un fulgurant gain de prestige pour le pays : ces termes résument peut-être le mieux l'action du gouvernement ces dernières années. ... La formule d'Orbán 'Pour nous, la Hongrie passe avant tout !' énonce clairement la priorité de son mandat. ... Le Premier ministre a souligné que la Hongrie s'était débarrassée du politiquement correct, ou, en d'autres termes, du blabla européen vide de sens et des enjolivements libéraux qui ne veulent rien dire. Contrairement à Bruxelles et Berlin, Budapest ne se retranche pas derrière la langue de bois. »
Que Dieu nous préserve d'un nouveau mandat d'Orbán !
Orbán a instauré un système centraliste dont il est le souverain tout-puissant, explique le sociologue György Marosán dans l'hebdomadaire critique hvg :
«Le gouvernement Orbán peut s'appuyer sur une solide majorité parlementaire. Il peut imposer sa volonté sans se heurter au moindre débat ou à la moindre objection, la flamme de la résistance civile est pour ainsi dire éteinte. Le système de contrôle des 'checks and balances' a été anéanti. Toute légitimité émane d'Orbán, si bien que les oligarques sont eux aussi à sa merci. La moindre idée d'Orbán devient volonté centrale. ... Par voie de conséquence, les institutions de la Hongrie se retrouvent au niveau de 1989. Que Dieu nous garde de nouvelles années Orbán ! L'opposition doit dès aujourd'hui s'attacher à préparer un tournant politique.»