Copenhague présente un nouveau 'plan anti-ghettoïsation'
Le gouvernement danois (droite libérale) a présenté jeudi un projet concernant un certain nombre de quartiers à problèmes, assimilables à des 'ghettos' en vertu de certains critères. Sont envisagés un durcissement des sanctions, notamment pour les trafics de stupéfiants, une augmentation de la présence policière et une accélération des procédures d'expulsion. Le projet prévoit en outre de rendre obligatoire l'école maternelle dans ces quartiers. Dans les médias danois, le projet ne fait pas l'unanimité.
Un déni de réalité
Le gouvernement se fourvoie, estime Politiken :
«Pourquoi affirmer que l'intégration est un échec, quand les indicateurs montrent qu'elle est sur la bonne voie ? De plus en plus de 'nouveaux Danois' ont une formation et un emploi, et le nombre des quartiers figurant sur la liste des ghettos du gouvernement a été divisé par deux l'an dernier. Pourquoi [le Premier ministre] Lars Løkke Rasmussen noircit-il le tableau devant tant d'évolutions positives ? Pour l'unique raison qu'une ligne dure envers les ghettos est la seule sur laquelle les partis conservateurs aient pu se mettre d'accord. … Le projet anti-ghettoïsation du gouvernement donne l'impression que les valeurs de liberté et l'égalité, dont le gouvernement se pose en grand défenseur, sont menacées de disparition.»
Les ghettos sont des zones de non-droit
Jyllands-Posten de son côté estime que les sociétés parallèles qui se sont formées au Danemark justifient l'initiative :
«Pour une étrange raison, les services sociaux et les communes refusent de couper les vivres à ceux qui jugent superflu d'apporter leur contribution à la société. Ceux qui restent à la maison aux frais de la collectivité, qui n'envoient pas leurs enfants à la crèche et qui n'apprennent pas le danois. Quand Lars Løkke Rasmussen dit qu'il existe au Danemark un contrat social tacite auquel tout le monde doit souscrire, on a l'impression qu'il se fait un film dans sa tête. Si certains vivent au Danemark pendant 19 ans sans apprendre la langue du pays tout en percevant les aides de l'Etat, alors ce contrat est une vue de l'esprit.»