Un scandale qui pourrait faire tomber Rajoy
Les socialistes espagnols ont lancé une motion de censure pour tenter de renverser le chef de gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Son Parti populaire (PP, conservateur) a été condamné la semaine dernière à une amende de 245 000 euros dans l'affaire Gürtel - un vaste scandale de corruption. Le Premier ministre espagnol surmontera-t-il ce vote ?
Ce que Rajoy peut faire pour l'Espagne ? Démissionner !
Ignacio Escolar, rédacteur en chef d'eldiario.es, enjoint Rajoy de rendre son tablier de Premier ministre :
«La motion de censure ne vise pas l'Espagne, mais Mariano Rajoy. Un chef de gouvernement dont la parole n'a plus aucune valeur, dont la crédibilité s'est volatilisée et auquel s'oppose désormais une majorité de députés au Parlement. Si Rajoy a vraiment la stabilité du pays à cœur, il devrait démissionner de son propre chef. ... Car il existe un certain 'M. Rajoy' qui aurait perçu une somme de 373 000 euros d'une 'caisse occulte', et dont la justice juge l'existence désormais avérée. Pour toutes ces raisons et pour de nombreuses autres, Mariano Rajoy ne saurait rester un jour de plus à la tête du gouvernement.»
Une manoeuvre tactique
Público évoque les réels enjeux de ce vote :
«La motion de censure cible bien entendu en tout premier lieu le Parti populaire espagnol, dont le discrédit ne cesse d'empirer. ... Mais elle cherche aussi à mettre sous pression le parti Ciudadanos, qui a soutenu le gouvernement jusque-là. Car si ce parti vote contre la motion, on l'accusera d'avoir maintenu Rajoy au pouvoir. C'est aussi une tentative du chef de file socialiste, Pedro Sánchez, de revenir sur le devant de la scène politique, après une longue absence. ... Il s'agit donc d'une manœuvre tactique et non d'une 'révolution'. Le plus sage serait donc d'attendre les élections prévues pour l'année 2019.»
Le parti entier trempe dans la corruption
Peu avant le verdict, Rajoy, premier secrétaire du PP et chef du gouvernement, avait parlé de cas de corruption 'isolés et anciens'. El Periódico de Catalunya souligne la vacuité de tels faux-fuyants :
«Comment peut-on persister à parler de cas isolés quand les condamnés sont le parti lui-même, deux de ses anciens trésoriers (Bárcenas et Sanchis), l'ex-secrétaire du parti en Galicie, un ancien conseiller de la municipalité de Madrid, deux anciens maires ainsi que d'autres fonctionnaires du parti affectés à des fonctions subalternes ? Par ailleurs, le verdict prouve l'existence d'une caisse occulte, qui a permis de payer des salaires supplémentaires et qui fera l'objet d'un procès individuel.»
Cette équipe n'est plus apte à gouverner
El País estime que cette sentence disqualifie le gouvernement PP mené par Mariano Rajoy, qui devrait démissionner :
«A l'issue de ce procès, Rajoy se trouve dans une position inconciliable avec l'intégrité politique et morale requise par l'exercice de sa fonction. Le gouvernement était déjà en difficulté en raison de sa gestion de la crise séparatiste et de la faiblesse de sa situation parlementaire. Depuis hier, sa crédibilité est encore plus entamée : par ce jugement qui révèle noir sur blanc le financement illégal du parti, mais aussi par son traitement de ces problèmes et son manque d'exemplarité pour la société. La justice a fait son travail, et nous devrions nous en féliciter. La politique n'en a pas fait autant et doit cesser de se retrancher dans cette impunité.»