Incendies meurtriers en Grèce : la faute à qui ?
Suite aux incendies meurtriers qui ont dévasté l'Attique orientale, dont le bilan actuel s'élève à 89 morts, le secrétaire d'Etat chargé de la protection civile, Nikos Toskas, a démissionné. Depuis des jours, politiques et médias discutent des lacunes de la gestion de crise. De l'avis des éditorialistes, la démission du ministre ne suffira pas.
Tsipras a eu tout faux
Pour Kathimerini, la démission du ministre ne peut être qu'un début :
«La démission de Toskas était nécessaire, de par l'ampleur de la tragédie et sa gestion. ... Tout gouvernement se cherche une Iphigénie à sacrifier lorsqu'il est confronté à la colère de l'opinion publique. La question est de savoir si le Premier ministre finira par reconnaître la médiocrité de sa gestion de la sécurité publique. La politique de Syriza, ses représentants et son laxisme sont déplorables. Le mal est fait. La question est désormais de savoir si des décisions seront prises pour éviter de nouveaux problèmes lors du reste du mandat, ou bien si le clientélisme et les obsessions idéologiques du parti s'imposeront, ce qui serait néfaste pour le pays.»
Un manque cruel d'empathie
L'avenir politique de Tsipras est menacé, juge Ariana Ferentinou, correspondante de la télévision publique grecque ERT à Istanbul, dans Hürriyet Daily News :
«En Grèce, le gouvernement de gauche est en train d'essuyer sa pire déconvenue depuis son avènement à l'automne 2015. La lenteur de la réaction de Tsipras et son manque d'empathie nuisent particulièrement au Premier ministre, au moment où il avait le plus besoin d'un regain de popularité. ... De nouvelles têtes devraient tomber dans les prochains jours, afin d'inverser la tendance pour le 'premier gouvernement de gauche en Grèce' - un gouvernement qui s'était engagé à promouvoir la solidarité et à venir en aide aux nécessiteux. ... Il est temps de lancer une nouvelle équipe gouvernementale, afin de redorer l'image de Tsipras.»
Reconnaître les erreurs et tirer des conséquences
Ta Nea, outré, appelle le gouvernement à reconnaître l'indigence de sa gestion de crise :
«Pour quelles raisons n'y a-t-il pas eu d'évacuation des zones concernées, et pourquoi l'opération de sauvetage a-t-elle été aussi mal préparée et aussi lente ? Ces questions ne font l'objet d'aucun débat. On trouvera d'autres corps carbonisés et d'autres personnes noyées. Le gouvernement refuse de s'excuser et d'assumer ses responsabilités. Comme en Union soviétique, où l'on retouchait les photographies pour en éliminer les personnages gênants, le gouvernement grec tente d'occulter les émotions gênantes. Mais la colère est un sentiment irrépressible. Elle se propage, tel un incendie.»
L'opposition fait feu de tout bois
Avgi, quotidien proche du gouvernement, juge pour sa part que c'est surtout l'opposition qui cherche à se soustraire à ses responsabilités :
«Depuis le début, Nea Dimokratia (ND) cherche seulement à exploiter ce drame national à des fins politiques. ... Son unique objectif consiste à aiguillonner l'opinion afin de renverser le gouvernement - une posture qui a pour seuls effets de nuire à la cohésion quotidienne et d'aggraver les problèmes des citoyens. Dans cette entreprise, le parti travaille en étroite collaboration avec certains journalistes, médias et maisons d'édition. ... Une stratégie de communication par le biais de laquelle ND cherche à empêcher tout débat sur ses propres responsabilités. ... Le parti a recours au chantage et n'hésite pas, ce faisant, à jouer les charognards.»