La guerre en Géorgie, dix ans après
L'origine de la guerre en Ossétie du Sud entre la Géorgie et la Russie en août 2008 reste controversée. La région revendiquait déjà son indépendance depuis 1992 ; Moscou, pour sa part, s'opposait à un rapprochement de la Géorgie avec l'UE et l'OTAN. Depuis la 'guerre des cinq jours', le conflit est gelé. L'Ouest comme la Russie auraient dû tirer des enseignements de ce conflit, estiment les journalistes.
La fin de la trêve
La guerre entre la Russie et la Géorgie a été une leçon pour l'Occident, fait valoir Upsala Nya Tidning :
«Medvedev, qui était président pendant la guerre de Géorgie, estime qu'il a été irresponsable de la part de l'OTAN de proposer au pays d'adhérer à l'organisation. Il semble impensable pour la Russie que la Géorgie puisse prendre ses propres décisions en matière de défense. En soutenant les responsables politiques et les ONG pro-russes, les cyberattaques et d'autres actions, le Kremlin tente d'influer sur le climat social en Géorgie. ... La Russie agit de même dans d'autres régions d'Europe. A la fin de la guerre froide, nombreux étaient ceux qui pensaient que la paix en Europe était désormais assurée. Le 8 août 2008 leur a apporté un violent démenti. Le droit à l'autodétermination des Etats démocratiques n'est pas gravé dans le marbre et doit toujours être défendu.»
Une guerre que l'Ouest n'a pas voulu voir
L'Occident avait complètement mésestimé les visées de la Russie en 2008, commente Rzeczpospolita :
«Il y a dix ans en Géorgie, la Russie montrait à l'Occident qu'elle envisageait la guerre comme un instrument légitime pour mettre à exécution sa politique néo-impérialiste. Mais cela, l'Occident n'a pas voulu en tenir compte. Il n'a tiré aucun enseignement de la guerre dans laquelle le Kremlin a traîné le petit pays caucasien. En 2014, quand la Russie a attaqué l'Ukraine - un pays nettement plus grand, frontalier d'Etats membres de l'UE et de l'OTAN - il s'est alors contenté d'observer les évènements avec stupeur. Cette guerre-là, l'Occident n'a alors pas eu d'autre choix que d'en prendre acte.»
Une lutte entre deux systèmes
Le conflit ne s'est pas gelé par hasard, explique Süddeutsche Zeitung :
«La révolution des Roses cinq années auparavant, la démocratisation et l'orientation clairement pro-occidentale et pro-OTAN de la Géorgie ont attisé les 'craintes d'encerclement' de Moscou, et notamment la peur d'une contamination démocratique. ... Les conflits gelés dans le voisinage de la Russie ne pourront être résolus par la simple volonté politique. Il semble davantage nécessaire d'apaiser les craintes d'encerclement de la Russie - des craintes qui semblent toutefois surfaites, dans le but de dissimuler le véritable motif de cette froide politique hégémonique. La frontière occidentale de la Russie est aussi, en effet, la frontière entre deux systèmes politiques concurrents. La conception verticale du pouvoir poutinien et l'idée de l'équilibre des pouvoirs façon UE sont incompatibles.»
Moscou dans l'impasse
Si la Russie a remporté une victoire militaire en Géorgie, elle n'a rien gagné sur le plan politique, analyse Vedomosti :
«La guerre a eu pour principale conséquence d'empêcher définitivement la restauration de l'intégrité territoriale de la Géorgie et de renforcer le statut particulier de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Moscou, qui a reconnu l'indépendance des deux républiques le 26 août 2008, s'est ainsi retrouvée dans une situation délicate. Elle ne peut plus, depuis, participer à une résolution du conflit entre la Géorgie et ses ex-territoires autonomes, sans perdre la face. ... La confirmation de ces indépendances n'a rapporté que de maigres dividendes à la Russie ; seuls quelques Etats les ont reconnues. ... Même les plus proches alliés du Kremlin, la Biélorussie et le Kazakhstan, ont préféré s'abstenir. »